Gérard Testard Président d'Efesia : La culture de la rencontre

La culture de la rencontre

 

 

Une des caractéristiques de la pensée et l’action du pape François est sa volonté d’établir des relations authentiques, personnelles, directes, enracinées dans l’expérience concrète. François propose de « sortir » pour aller à la rencontre des hommes et des femmes de ce temps, en se faisant compagnon de route, pour les connaître et leur communiquer l’espérance que l’on a quand on vit par la foi. Ses attitudes sont visibles, et attestent sa parole. Il a mûri cette conviction de longue date et tout au long de son ministère pastoral à Buenos Aires. Ce qu’il a pratiqué et réfléchi durant toute sa vie ressort dans son ministère pontifical. Le pape François a une façon à lui d’être en relation avec les autres. Il a une approche personnelle et fascinante, une capacité à aller au cœur de l’autre et à l’inviter à se mettre en marche pour le bien de l’humanité.

Il invite à sortir aux périphéries, à la rencontre du monde. Cette rencontre « profonde » avec l’autre peut en effet, dit-il « déclencher de nouveaux dialogues qui sont peut-être restés bloqués, lorsque le niveau des relations était plus superficiel ou formel ». La « culture de la rencontre », n’est pas seulement une formule. Il nous faut écouter la portée de l’apport de François pour au moins 3 raisons.

Tout d’abord rencontrer l’autre signifie qu’on a une espérance pour lui. S’intéresser à son histoire, lui refléter la valeur de son parcours, prendre en compte son identité ou des traits de sa personne est créateur d’amitié, de proximité, d’affinités ou de liens de paix. C’est particulièrement vrai avec les pauvres. Un des visages de la pauvreté est de ne plus avoir d’histoire à raconter. Or, la relation avec les pauvres a un fond spirituel indéniable. Qui rencontre le pauvre trouve le Christ. L’amitié avec les pauvres « divinise ». Les rencontrer donne une dimension évangélique car ils sont des révélateurs de Dieu.

Ensuite, c’est une attitude profondément ecclésiale. Une Eglise est une communauté de la rencontre. « Une Eglise qui se contente d’administrer, qui vit repliée sur elle-même, est dans la même situation qu’une personne enfermée : elle s’atrophie au physique et au mental», dit le pape François. Les communautés chrétiennes tentées par l’autoréférentialité se coupent du monde, se cléricalisent et deviennent malades. « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son fils… » Jean 3,16. François le dit autrement et c’est sa vision : « il est essentiel que nous, les catholiques – les prêtres comme les laïcs – allions à la rencontre des gens » et il renverse la parabole en ajoutant qu’il y a 99 brebis en dehors de l’enclos pour une seule à l’intérieur.

En troisième lieu, l’enjeu est sociétal. Se rencontrer, c’est travailler à reconstruire un tissu culturel commun. Aller à la rencontre de l’autre qui est différent n’est jamais simple mais la plupart du temps créateur de lien quand on croit que l’autre a quelque chose de significatif à dire, à donner. Les préjugés que l’on a concernant l’autre personne, l’autre famille, l’autre communauté, l’autre peuple sont mortifères. On peut rester dans la méconnaissance, or, pour aimer il est nécessaire de connaître et d’admirer.

 

C’est ainsi que l’association Efesia prend ce risque et tente de répondre à l’appel du Pape François et d’aller aux périphéries de l’Eglise et promouvoir une culture de la rencontre. En particulier, la rencontre avec les musulmans est au cœur de la mission d’Efesia à travers le mouvement qui se crée par les rassemblements « Ensemble avec Marie ». Cette intuition que la Vierge Marie permet une rencontre entre Chrétiens et Musulmans est née au Liban en 2007, où un rassemblement a lieu chaque année à l’occasion de la fête de l’Annonciation dont les récits dans le Coran et l’Evangile sont proches.

En France, en tenant compte des spécificités de la société française, un 1er rassemblement a eu lieu et un mouvement est né : spirituel, populaire et citoyen. La démarche privilégie la rencontre entre les personnes au dialogue entre les religions. Chrétiens et musulmans se réunissant et veulent faire tomber les ignorances qui sont le berceau de la haine, avec la foi que par Marie, Dieu fait des miracles. Dans ces temps difficiles, la rencontre est nécessaire à la Paix. Conscients de leurs différences, Chrétiens et Musulmans ont dit leur volonté de bâtir un meilleur vivre-ensemble. De nouvelles rencontres sont prévues en 2016 dans plusieurs villes de France et à Bruxelles. Chrétiens et musulmans, ensemble avec Marie, veulent participer à l’avènement d’une nouvelle civilisation de l’Amour et de la Paix.

Gérard Testard

Président d’Efesia