UH Marseille : la culture comme vecteur de paix

COLLOQUE “PAROLES D’ALGÉRIE” À L’UNIVERSITÉ D’HIVER DE MARSEILLe
La culture comme vecteur de paix

Du 24 au 26 novembre, le centre Le Mistral a abrité un colloque fort intéressant, qui a vu la participation de nombreux universitaires et écrivains algériens. Parmi les objectifs de ces rencontres, faire connaître la société algérienne bouillonnante de vivacité et sa jeunesse dynamique.

“Des rencontres enrichissantes qui dénotent d’une Algérie florissante, contrairement à ce que nous renvoyaient certains préjugés. Nous en avons beaucoup appris sur ce pays peu ou mal connu”, ont souligné les nombreux participants au colloque “Paroles d’Algérie”. Un événement organisé par l’association Chrétiens de la Méditerranée au centre Le Mistral de Marseille ces 24, 25 et 26 novembre. Durant trois journées fort intéressantes, des femmes et des hommes d’Algérie étaient présents pour dire chacun son Algérie, raconter l’un après l’autre son quotidien, son entourage, son expérience, pour ensuite partager ensemble cette envie forte chez l’un d’aller vers l’autre. Pour cette université d’hiver 2016, l’objectif premier était de faire connaître cette société algérienne bouillonnante de vivacité, cette jeunesse dynamique qui cherche à s’exprimer, cette vie foisonnante de l’autre côté de la Méditerranée qui, certes, rencontre des soucis et des obstacles comme chaque jeune nation qui se construit, mais qui ne se laisse pas pour autant décourager. L’esprit de saint Augustin, l’âme de l’Émir Abdelkader, la plume de Mohamed Dib, Assia Djebar, Mouloud Mammeri, Mouloud Feraoun, Yamina Mechakra, le cinéma d’hier et d’aujourd’hui, l’histoire, la géographie, la sociologie, la démographie, le planning familial, la culture…, autant de thèmes abordés par la quinzaine d’invités, dont Mohamed Kouidri, Ahmed Bouyerdène, Sabah Ferdi, Karima Berger, Houria Aït Yala, Fazia Belaïdi, venus contribuer ainsi à tisser des liens avec “l’autre” en cherchant à effacer cette fausse idée reçue véhiculée souvent par des médias trompeurs.

L’association “Les petits lecteurs” d’Oran était présente par le biais de sa présidente et fondatrice Zoubida Kouti, une femme engagée et passionnée qui veille depuis de longues années à rapprocher les enfants du livre et de la lecture, une mission noble pour laquelle les organisateurs de cette rencontre ont tenu à la féliciter et à l’encourager. Les universitaires Kamel Souig et Maya Boutaghou, ainsi que le journaliste Toufik Mendjeli ont démontré à l’assistance conquise que l’espoir était là, dans cette jeunesse mûre et tout à fait capable de relever le défi dans la construction d’une nation montante. Le côté religieux et spirituel n’était pas en reste lors de ce colloque, bien au contraire ; Monseigneur Teissier, fidèle à ses engagements à faire régner la paix et réconcilier les humains, a été l’élément unificateur vers lequel tout le monde a convergé. Ému par ces beaux moments de partage et de fraternité, il a exhorté tous les présents à “ne pas s’arrêter là et à agir chacun de son côté et selon ses moyens pour véhiculer ces messages de paix, et travailler à élargir les horizons pour permettre d’aller, de part et d’autre de la rive, vers ce vivre-ensemble capital pour la survie de l’humanité”. Présent également à ce colloque, l’islamologue Ghaleb Benchikh, sollicité pour parler de l’islam d’aujourd’hui et de sa capacité à façonner la société algérienne, n’a pas manqué de souligner l’importance de tels moments de partage et de connaissance de l’autre pour construire un avenir commun apaisé et serein, qui semble de plus en plus menacé au vu de toute la violence qui nous entoure. Sa brève mais percutante analyse de la décadence que nous vivons aujourd’hui en raison d’interprétations fallacieuses de l’islam et d’influences néfastes nous venant d’ailleurs et qui n’ont rien à voir avec notre histoire n’a pas manqué de faire réfléchir sur les conséquences dramatiques qui pourraient s’engendrer si on n’y prenait pas vite conscience et n’y mettions pas fin. Et l’un des meilleurs moyens pour y mettre fin c’est sans nul doute faire de nos espaces des plates-formes de rencontres et former les hommes à aimer leurs frères et leurs prochains comme le stipule l’islam… le vrai, pas le falsifié. Pour rappel, depuis la création de ce réseau des acteurs de la paix, organisateur de cet événement hautement culturel et humainement spirituel présidé par Jean-Claude Petit, et composé d’une équipe dévouée et consciencieuse chapeautée par Josette Gazzaniga qui veille aux petits soins à “comprendre pour mieux se comprendre, comprendre notre monde pour sortir de nos peurs et de nos replis sur nous-mêmes”, ont été leurs maîtres mots et le leitmotiv de toutes leurs démarches unificatrices.

Samira BENDRIS