Titre
Le Camp oublié de DbayehSous titre
Palestiniens chrétiens, réfugiés à perpétuitéAuteur
Nathalie Duplan et Valérie RaulinType
livreEditeur
Le Passeur, 2013Nombre de pages
231 p.Prix
19, 90 €Date de publication
20 septembre 2015Le Camp oublié de Dbayeh
Le mérite du livre de Nathalie Duplan et Valérie Raulin[1] est de ramener le lecteur à l’évènement essentiel qui empoisonne le Proche-Orient depuis 1947 : la guerre israélo – palestinienne.
À l’heure où les médias ne parlent que de la barbarie du Daech, et des guerres en Syrie et en Irak, les auteurs remettent en lumière le drame d’un peuple spolié, sans État, sans papiers, et sans droits. Les Palestiniens chrétiens sont obligés de s’intégrer dans des pays étrangers lointains ou d’être tolérés dans les pays voisins – tels des citoyens de seconde zone – comme au Liban.
Entre 300 000 et 400 000 Palestiniens vivent au Pays du Cèdre, répartis dans une douzaine de camps : des ghettos de misère, où ces apatrides sont maintenus. C’est la vie quotidienne dans l’un de ces camps que racontent les deux journalistes : le camp de Dbayeh, au nord de Beyrouth, le seul qui ne compte que des chrétiens.
Chassés par l’armée israélienne, les premiers sont arrivés lors de la première guerre israélo-arabe, suite à la défaite des armées arabes (1948-1949).
Les auteurs rappellent toutes les résolutions de l’ONU, non respectées par l’État israélien, ainsi que les évènements dramatiques de la région qui ont régulièrement frappé ce peuple.
À travers des portraits et des scènes de vie quotidienne, le lecteur mesure l’ampleur des injustices encore supportées par ces réfugiés, 65 ans après le vol de leur terre. Humiliations, exploitations… Rejetés par les Libanais qui les rendent responsables, en tant que Palestiniens, des quinze années de guerre civile au Liban[2], mais également méprisés par les musulmans palestiniens, majoritaires à 98 %, qui les considèrent comme peu fiables pour la cause de l’indépendance, parce qu’ils sont chrétiens.
Une double exclusion insupportable pour un peuple qu’il ne faut surtout pas oublier. Ce témoignage contribue à nous le rappeler[3].
Luc Balbont
[1] Journaliste depuis plus de 20 ans, Nathalie Duplan, spécialiste du Proche-Orient a débuté au Figaro Magazine.
Valérie Raulin a commence sa carrière au Figaro et a été “accréditée Défense”. Egalement réalisatrice, elle a participé au lancement de la chaîne KTO.
[2] La guerre civile libanaise a débuté, dans la banlieue de Beyrouth par des combats opposant les fedayin palestiniens et les milices chrétiennes libanaises, le 13 avril 1975.
[3] Ce livre a obtenu, en 2014, le Prix littéraire de l’Œuvre d’Orient.