Titre
Le pouvoirAuteur
Pierre DebergéType
livreEditeur
Nouvelle Cité, 2014Collection
Ce que dit la Bible sur…Nombre de pages
128Prix
13 €Date de publication
29 octobre 2016Le pouvoir
Conformément au cahier des charges de la collection, ce petit livre présente, en 12 chapitres, sous forme d’entretiens « faciles à lire et riches d’enseignements », une réflexion sur la manière dont la question du pouvoir est abordée dans la Bible. Avec les grandes compétences exégétiques et pédagogiques qui sont les siennes, Pierre Debergé[1] nous offre une rapide mais très suggestive traversée de toute la Bible, dans le but d’éclairer la richesse de « l’expérience et de la réflexion de croyants qui ont laissé à l’humanité, y compris par rapport au pouvoir, un enseignement qui dépasse les conditions historiques dans lesquelles il a été élaboré ».
Il relit tout d’abord, en quatre chapitres, les deux récits de création dans la Genèse, soulignant que le pouvoir donné au premier couple humain de « dominer » et de « soumettre » la terre, lié à sa vocation d’être créé « à l’image et à la ressemblance de Dieu », est, par nature, au service de la vie et de l’épanouissement de la création, tandis que le repos sabbatique observé par Dieu lui-même est là pour l’empêcher d’en faire un instrument d’asservissement. Mais trompés par le serpent, Adam et Ève pensent que Dieu est jaloux de son pouvoir ! Leur histoire, ainsi que celle de leurs descendants, est dès lors marquée par la convoitise, la jalousie et le désir de posséder l’autre. Le meurtre d’Abel par son frère Caïn n’est que le premier d’une série d’épisodes qui en sont l’illustration.
Les trois chapitres suivants continuent de déployer la dynamique du pouvoir créateur et libérateur de Dieu : par le don de la Loi, Dieu ne cherche pas à écraser son peuple mais à lui montrer comment rester sur le chemin de vie et de liberté qu’il lui propose ; de même, lorsque les fils d’Israël voudront avoir un roi « comme les autres nations », c’est un simple berger qu’il choisit pour recevoir l’onction d’huile, signe que ce roi-Messie (oint) n’est que le lieu-tenant de Dieu et reçoit de lui son pouvoir pour garder le peuple dans son alliance. Mais le roi idéal n’existant pas, les prophètes seront là pour dénoncer les abus de pouvoir et pour faire naître l’espérance de la venue d’un nouveau Messie-roi, fils de David, celui dont le règne sera « pour toujours, conformément à la promesse faite par Dieu au roi David.
Trois chapitres sont ensuite consacrés aux récits évangéliques et au renversement opéré par Jésus dans la manière d’exercer son « pouvoir » : un service sans limite, jusqu’au don de sa vie qui fait également le cœur de la mission de ses disciples. En vivant de son commandement de s’aimer les uns les autres, ils témoigneront du salut apporté par le Christ et de sa victoire sur toutes les formes de domination et de violence.
La question de l’attitude de Jésus face au pouvoir politique, résumée par le célèbre « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu », introduit à la lecture de quelques passages de l’apôtre Paul, rappelant que pour lui, c’est l’appartenance commune de tous les baptisés au Corps du Christ qui fonde l’exercice du pouvoir au sein de la communauté ecclésiale.
Beaucoup d’autres points seraient à souligner pour honorer dans toutes ses nuances l’enquête de Pierre Debergé … Disons, pour conclure, que les événements qui ont marqué l’actualité en France depuis la publication de ce livre ne manqueront pas de lui donner une résonance particulière et de rendre sa lecture particulièrement intéressante.
Odile Flichy
[1] Pierre Debergé est bibliste et théologien, recteur émérite de l’Institut Catholique de Toulouse, détaché dans la province ecclésiastique de Montpellier. Il a publié de nombreux ouvrages dont L’Argent dans la Bible et L’Amour et la sexualité dans la Bible aux éditions Nouvelle Cité.