Marie, juive, chrétienne, musulmane

La proximité de la fête de l’Annonciation, le 25 mars, sera l’occasion de se plonger dans la dernière livraison de la revue Le Monde de la Bible consacré au personnage de MARIE, cette femme qui vivait à Nazareth au tournant de notre ère.

Comme l’indique le sous-titre, le rédacteur de la publication, Benoît de Sagazan, et son équipe nous proposent une approche polyphonique : MARIE, juive, chrétienne et musulmane[1].

Dan Jaffé, Maître de conférences en Histoire des religions à l’université Bar-Ilan de Tel Aviv, et chercheur associé au centre Paul-Albert Février, CNRS université de Provence, attire notre attention sur Marie de Nazareth dans le monde juif de son temps : une femme, en quelque sorte ordinaire, et dont « la pratique religieuse ne se démarque en rien des pratiques juives répandues à l’époque et dont on peut reconstituer le rituel. »

Daniel Marguerat, exégète, professeur honoraire de l’université de Lausanne. Faculté de théologie et de sciences des religions, évoque Marie Mère de Jésus et fille d’Israël, met en perspective la vision qui traverse le récit de chacun des évangélistes et, ce faisant, nous invite à donner notre réponse à la question : « Mais qui est donc Marie, au juste ? »

En suivant le propos – de Rémi Gounelle, de la Faculté de théologie protestante de l’Université de Strasbourg, sur la Naissance d’un culte dans les textes apocryphes ?[2] ; d’André Benoit (+1999) de la même Faculté, sur Eve et Marie dans la théologie du IIe siècle ; de Raphaëlle Ziadé, responsable du département byzantin du Petit Palais (Paris), reconnaissant à Marie Une place croissante dans le christianisme oriental et son iconographie ; de  Bruno Maes, Maître de conférences HDR en Histoire moderne à l’Université de Lorraine, montrant le passage Du culte marial à la mariologie catholique –, le lecteur comprendra comment, au fil des siècles, les croyants ont  composé le visage, la personnalité et le statut de la mère de Jésus.

En contrepoint, Antoine Nouis, théologien protestant et écrivain, fait émerger la vision développée par Martin Luther et Jean Calvin : pour eux, Marie est moins une mère qu’une sœur dans la foi.

Enfin, Ameer Jajé, docteur en Etudes méditerranéennes et orientales et docteur en Histoire des religions, rappelle que « Marie est davantage mentionnée dans le Coran que dans les évangiles » et, commentant sourates et hadiths évoquant la vie de la mère de Jésus, il montre qu’il existe une piété mariale spécifique puisée aux sources mêmes du Coran[3].

Autant d’articles qui incitent à relire ou à réécouter le Magnificat, celui de Jean Sébastien Bach[4] dont il est aussi question dans ce numéro du Monde de la Bible[5].

Marc Ameil

Notes de la rédaction :

[1] Lire l’introduction du dossier par Benoît de Sagazan, suivie du sommaire, en cliquant ICI.

[2] A lire aussi : Né d’une Vierge dans les textes apocryphes / René Gounelle, dans : Jésus. Une encyclopédie contemporaine.– Bayard/Le Monde de la Bible, 2017, p. 53-54

[3] Chrétiens et musulmans libanais célèbrent ensemble la fête de l’Annonciation, déclarée fête nationale pour la première fois au Liban, le Jeudi 25 mars 2010 : lire art. de La Croix en cliquant ICI. Depuis, sont nées, en Europe et en Afrique, les rencontres islamo-chrétiennes Ensemble avec Marie (cliquer ICI) chaque 25 mars, jour de la fête de l’Annonciation à Marie. Pour en savoir plus sur Ensemble avec Marie, cliquer ICI.

[4] Cf. art. de Benoît de Sagazan, sur le livre : Bach, maître spirituel / Alain Joly.- Tallandier, 2018

[5] A écouter : l’émission Grand Angle sur RCF, du 04/12/2018, consacrée à Marie, juive, chrétienne, musulmane en lien avec c e dossier du Monde de la Bible, en cliquant ICI (durée : 55 mn).