Titre
Un café à BeyrouthAuteur
Nathalie Duplan, Valérie RaulinType
livreEditeur
Paris : Magellan & Cie, avril 2018Collection
Je est ailleursNombre de pages
188 p.Prix
15 €Date de publication
4 mai 2019Un café à Beyrouth
Pour les spécialistes du Proche-Orient, Nathalie Duplan et Valérie Raulin ne sont pas des inconnues. Auteurs de deux ouvrages sur le Liban[1], les deux complices récidivent avec Un café à Beyrouth. Des pages où elles décrivent cette ville qui leur est chère, et qu’elles connaissent de fond en comble.
Depuis plus de 20 ans, les deux journalistes font de la capitale libanaise leur base d’où elles rayonnent, pour effectuer leurs reportages au Pays du Cèdre, et dans les pays voisins. Elles y révèlent chaque rue, chaque quartier, s’y familiarisent avec les habitants qu’elles campent sans le folklore et la condescendance habituels des orientalistes occidentaux, ou des écrivains qui découvrent le monde oriental.
Les deux jeunes femmes transmettent avec bonheur leurs émotions, détaillent avec sensibilité des scènes de la vie beyrouthine : leur voyage dans les petits bus délabrés, le difficile quotidien de bonnes sri-lankaises, le mépris des autochtones pour les réfugiés syriens, les dysfonctionnements, la corruption mais elles savent aussi valoriser la foi, le courage, la générosité et le goût de vivre des Libanais, qui reconstruisent leur pays après chaque conflit.
Elles parlent avec chaleur d’une femme qui s’acharne à sauver un immeuble emblématique, retracent l’ambiance joyeuse des cafés de la ville, croquent un handicapé de la guerre civile de 1975, ou un cireur de chaussures anonyme. Et, du haut d’une fenêtre d’un bâtiment, parviennent à photographier la synagogue et le cimetière juif, « cadenassé mais jamais profané. »
Dans ce livre, l’histoire de Beyrouth n’est pas oubliée. Plus de 5000 ans d’existence, avec des civilisations qui s’empilent comme des livres dans une immense bibliothèque : phénicienne, grecque, romaine, byzantine, mamelouk, ottomane. Valérie Raulin et Nathalie Duplan ont ainsi cherché la maison du Poète Lamartine, et retrouvé, rue du Chouf, celle où habita Charles de Gaulle entre 1929 et 1932. Commandant des troupes françaises au Levant, le futur général prononça le 9 juillet 1931 à l’Université Saint Joseph de Beyrouth, un discours visionnaire : « Le dévouement au bien commun, voilà ce qui est nécessaire puisque le moment est venu … de construire un État.» Des paroles dont pourraient s’inspirer les dirigeants libanais d’aujourd’hui, ancrés dans des intérêts claniques et confessionnels.
Luc Balbont
[1] Lire les 2 recensions de leurs livres par Luc Balbont, sur notre site :
Le camp oublié de Dbayeh : Palestiniens chrétiens, refugiés à perpétuité.- Le Passeur, 2013 – Prix 2014 de L’Œuvre d’Orient ; cliquer ICI et Jocelyne Khoueiry l’indomptable.- Le Passeur, 2015 ; cliquer ICI.