Antisémitisme=Antisionisme ? – Introduction – Quelques observateurs ou organismes ont réagi aux déclarations réitérées du Président Macron tendant à assimiler l’antisionisme à l’antisémitisme « (l’antisionisme est une des formes modernes de l’antisémitisme »), et donc à considérer comme des délits antisémites les paroles ou actes qui seraient déclarés antisionistes. Mais de nombreux commentateurs dans les médias ont appuyé par leurs commentaires complaisants cette approche contestable inspirée par le CRIF évoquant une nouvelle forme de l’antisémitisme (qui serait islamo-gauchiste) après le vieil antisémitisme conservateur catholique (qui n’aurait pas totalement disparu non plus), un faux nez de l’antisémitisme etc., même si des médias plus minoritaires ont fait écho de la dénonciation nécessaire de cette assimilation.
Parmi les réactions dénonçant cette erreur d’assimilation des deux termes, on a retenu celles très convaincantes et fortes de diverses personnalités, d’origine juive ou non, sans pouvoir les retenir toutes : Rony Brauman, Sylvain Cypel, Alain Gresh, Gabriel Hagaï, Shlomo Sand, l’UJFP, Dominique Vidal (cliquez sur les différents noms). Nous allons en publier soit les textes soit des résumés établis par nos soins en renvoyant aux références des articles que l’on trouve sur internet et auxquels les lecteurs pourront se reporter
En fait les arguments présentés sont convergents et simples, même s’ils comportent des nuances :
- Il faudrait définir les termes pour savoir de quoi on parle
- La critique du sionisme est une opinion et ne peut constituer un délit alors que l’antisémitisme est un délit d’après la loi française
- Le sionisme est un projet colonialiste, il doit être combattu comme tel
- Le sionisme repose sur une base raciste introduisant l’apartheid, il doit être combattu comme tel
- Le sionisme, laïc à l’origine, est contraire à la Torah
- De nombreux juifs critiquent le sionisme et certains le combattent comme militants et trouvent insupportable et injurieuse cette assimilation.
- Le paradoxe est que les juifs religieux étaient opposés à l’origine au sionisme et à la création de l’État d’Israël : le rassemblement en Terre Sainte ne doit avoir lieu que quand le Messie sera venu. Cette vision est d’ailleurs opposée à celle des chrétiens évangéliques sionistes pour qui les juifs doivent être rassemblés à Jérusalem pour que le Messie puisse revenir !
- Le fait incontesté que des propos antisémites se cachent parfois derrière des propos antisionistes ne peut justifier cette assimilation
- Cette assimilation erronée et injuste ne peut au contraire qu’alimenter davantage l’antisémitisme qu’elle prétend combattre car elle conforte l’idée de l’assimilation des juifs à Israël et au sionisme
Au-delà de ces prises de position salutaires, il convient aussi de s’interroger sur les raisons qui font que l’on en arrive là en France, et cela devient très délicat. Cela peut être le rôle de CDM de tenter d’éclairer ces questions pour que des chemins apaisés soient trouvés. Mais il ne faut pas esquiver les questions ou les hypothèses, même si on n’a pas toujours les réponses. C’est pourquoi nous intégrerons aussi pour information le résumé d’un point de vue significatif (Bensoussan) défendant le sionisme. Pour une mise en perspective un regard complémentaire sera apporté sur la situation britannique avec les controverses touchant le leader du Parti Travailliste Jeremy Corbyn accusé d’antisémitisme pour son antisionisme. De même un court regard sera porté sur les USA (qui mériterait bien plus ! On découvrirait avec étonnement que le lobby évangélique est sans doute bien plus influent que le lobby juif pro-israélien, alors qu’une partie de la communauté juive américaine est critique par rapport à la colonisation). Enfin les questions posées à travers ce dossier obligent à s’interroger sur la nature de l’État d’Israël, vieux débat qui n’est pas près de s’achever car aucune solution claire ne se dessine, et sur les racines de l’antisémitisme, ce qui amènera à proposer un dossier complémentaire sur ce dernier thème.
Xavier Godard
Membre du Bureau CDM
Illustration : Drapeau israélien sur le site de Masada (2008), By Michael Panse
