L’association Au Vent des Rencontres se propose d’organiser des rencontres pour des non-juifs chez des juifs. C’est dans le cadre de cette association que Marie-Elisabeth Britsch, membre du Conseil d’administration de CDM, a participé à une journée à Troyes dont elle rend compte ainsi :
“[L’]association [a été créée] par une fidèle catholique soucieuse de la grande ignorance constatée parmi ses amis de la réalité juive. Il s’agit d’abord de religion, même si on ne peut pas faire abstraction des événements. En l’occurrence à Troyes nous avons visité non pas le centre d’études juives, mais le centre Rachi installé dans une maison médiévale abritant la synagogue actuelle de la communauté juive de Troyes et aussi tout un musée, salle d’étude, bibliothèque, consacrés au travail immense réalisé en son temps par Rachi [au 11e siècle], qui intéresse grandement les médiévistes, car il utilisait l’hébreu mais aussi la langue vernaculaire, la langue d’oïl, le champenois, avant la langue française.
Nous avons déjeuné sur place d’un bon sandwich, en échangeant avec le président du centre, après la visite faite par un guide très compétent, pas juif lui.
Puis nous avons visité la cathédrale, avons été reçus par l’évêque chez lui, une bonne heure d’échange entre catholiques, une dizaine, qui ne se connaissaient pas… enfin rencontre avec un médiéviste, un archiviste qui travaille sur les quelques documents dispersés, y compris dans le saint des saints, la bibliothèque vaticane, impliquant des habitants juifs de l’époque et reflétant un peu ce que pouvait être la vie juive à Troyes, quand rayonnait Rachi, puis ses gendres.
L’association Au vent des rencontres organise chaque année une sortie à Rouen pour visiter la ‘maison sublime’ et être accueillie à la synagogue, et aussi trois jours en Alsace sur divers lieux, mais propose aussi des zooms avec des personnalités intéressantes, des éclairages et témoignages personnels.”
Qui est Rachi ?
Le site de la Maison Rachi de Troyes donne une présentation de la personnalité et de l’oeuvre de cet éminent savant juif au coeur du Moyen-âge occidental.
“C’est dans la petite communauté juive de Troyes, protégée par les comtes de Champagne, que naquit le jeune Salomon, fils d’Isaac, en l’an 1040. Décelant chez Salomon des dons exceptionnels, son oncle lui propose d’aller parfaire ses connaissances bibliques dans les grandes écoles talmudiques de Rhénanie. Il part donc étudier à Worms.
Au contact des grands enseignants, sa personnalité s’épanouit. Sa mémoire prodigieuse et son esprit de synthèse le révèlent rapidement dans une matière difficile : l’exégèse biblique.
Après cette formation de tout premier plan, Rachi revient à Troyes et y fonde une école talmudique qui devient rapidement très réputée. Connu pour sa sagesse, sa culture et son humilité, il gagne sa vie dans ses fonctions d’enseignant, de juge à l’intérieur mais aussi en dehors de la communauté juive.
Il est l’auteur en particulier de très nombreuses Responsa, des réponses doctrinales, constituant une véritable jurisprudence. Il se livre aussi à quelques tâches agricoles, dont la culture de la vigne.”
On trouvera une présentation de Rachi sur la chaîne Youtube de l’hebdomadaire protestant Réforme sous le titre : Rachi, le Calvin du judaïsme, l’histoire du rabbin Rachi par le théologien Antoine Nouis.
Au Carrefour des Mondes et des Cultures
Une soirée qui s’est tenue le 27 juin 2024 au Forum-104 à Paris, à l’initiative de cette association, est l’occasion de la présenter, au-delà de l’événement lui-même, au cours duquel est intervenu le Professeur Denis Charbit, de l’Open University de Jérusalem, revenant d’un temps sabbatique aux Etats-Unis. Il a développé le thème : “Israël Palestine, le conflit ? Parlons-en”.
Carrefour des mondes et des cultures a pour objet de développer le dialogue interculturel. L’association a organisé des conférences-débats, fêtes ou autres événements interculturels de 2011 à 2017. Elle relaie les initiatives interculturelles prises à Paris, qu’elles soient laïques ou inter-religieuses. Elle est à l’origine de la création de la CINPA avec d’autres acteurs. Par ailleurs, elle soutient tout particulièrement des initiatives de paix israélo-palestiniennes.
La CINPA, Coordination INterconvictionnelle du grand PAris
Voir son nouveau site : https://cinpa.fr
Une réunion de la CINPA
La Commission a organisé notamment la diffusion des informations sur les événements, des partages d’expériences entre animateurs de groupes interreligieux, des débat ouverts à tous et depuis 2021 une Marche interconvictionnelle à l’occasion de la journée de l’ONU du Vivre Ensemble en Paix (le 16 mai). Constituée désormais en association, son CA réunit :
- Abdelkader ALANDALUSSY
- Rabbin Floriane CHINSKY
- Pasteure Grace GATIBARU
- Laurent GRZYBOWSKI (Président)
- Morice de LAMARZELLE
- MARC LEBRET (Secrétaire général)
- Vincent PILLEY
- Christine TAÏEB
- Jean-François VERMONT (Trésorier)
La CINPA regroupe des associations et des personnalités qui, dans le Grand Paris, travaillent au dialogue et à la rencontre interconvictionnelle. Elle traduit la volonté commune d’avancer ensemble tandis que se construit la métropole parisienne. Elle s’est réunie la première fois le 6 février 2011 à l’abbaye Notre-Dame de Jouarre (77) et se réunit depuis chaque année.
Plus spécifiquement, la CINPA a travaillé sur une laïcité inclusive des religions (questionnaires adressés aux canidats aux présidentielles de 2012 et aux municipales de 2014 à Paris, lettre commune “Après Charlie Hebdo” au Président de la République), à un annuaire commun et à l’élaboration d’un zoom présentant les différentes associations interreligieuses du grand Paris.
Ont notamment participé à la première rencontre du dimanche 6 février 2011 des représentants de :
Amitiés judéo-musulmanes, Groupe d’Amitié Islamo-Chrétienne, Amitiés judéo-chrétiennes, Coexister – le mouvement interreligieux des jeunes, Conférence mondiale des religions pour la paix, Collectif interreligieux multilatéral pour la paix, Fraternités d’Abraham, Artisans de paix, Comité interreligieux de la famille franciscaine, Forum 104 (rue de Vaugirard à Paris), Alethe, Fontaine aux religions, Quatre vents des religions, Carrefour des mondes et des cultures, Groupes interreligieux des XIe et XVe arrondissements de Paris, des participants chrétiens catholiques, orthodoxes, musulmans, juifs et bouddhistes.
La charte de la CINPA
Les membres de la Coordination interreligieuse et interconvictionnelle du Grand Paris (CINPA) ont adopté une charte du dialogue interconvictionnel pour rappeler les engagements et les valeurs qui sont les leurs dans la démarche qui les anime. Ses dix points sont les suivants :
1. S’inscrire dans la laïcité
2. Dissiper l’ignorance
3. Cultiver la bienveillance
4. Refuser le prosélytisme
5. Refuser le syncrétisme
6. Refuser le communautarisme
7. Choisir la simplicité
8. Choisir de progresser ensemble
9. Choisir de cultiver la paix
10. Construire la fraternité
Le mot “interconvictionnel” est utilisé car le dialogue associe des non-croyants et va donc au-delà du seul interreligieux. Cette Charte est un outil mis à la disposition de toutes celles et de tous ceux qui souhaitent s’engager dans un processus de dialogue et de rencontre.
