Carnet estival de CDM – Introduction – Nous voici au seuil d’une nouvelle saison estivale. Pour beaucoup d’entre nous, elle sera étroitement associée à la Méditerranée, en souvenir d’étés passés sur ses rivages, ou, pour les plus chanceux, en promesse de prochains séjours.
« Demain départ ivre vers la mer !» L’injonction de Solal à la belle Ariane sonne toujours comme un réjouissant appel vers le large[1].
Mais comment pourrait-on continuer désormais à poser sur cette Méditerranée mythique le même regard fasciné et rêveur ? Nous ne pouvons plus oublier en effet ces milliers de migrants privés de secours, qu’elle a engloutis, ni ceux qui entreprennent cet été encore, sous nos yeux, la traversée insensée vers ses rives inhospitalières du Nord. Nous ne pouvons plus ignorer, non plus, l’inhumanité inouïe et révoltante avec laquelle l’Europe des chancelleries, des limousines à chauffeurs et des niaises embrassades bruxelloises gère ce dossier entre cynisme, calcul et impuissance, tout en brandissant à tout-va l’étendard des droits de l’homme dont elle bafoue les principes essentiels[2].
Désormais, impossible de rêver à Ulysse, Corto Maltese, au marin de Gibraltar. Nous pensons à Sea Watch, Aquarius, Open Arms[3];[4] et nous crions notre indignation car l’indifférence à l’autre qui souffre et meurt est le principe de la barbarie.
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Dans ce contexte si dramatique, CDM inaugure un « Carnet d’été en Méditerranée » particulier, d’analyses et de convictions, composé d’une série de publications qui s’ouvrent sur deux extraits des Actes de notre dernière Université d’Hiver[5]– d’abord l’intervention d’Alain Bittar, puis celle de Jacques Huntzinger – prononcées à l’occasion de la soirée-débat avec Avraham Burg.
Un peu plus tard, nous reviendrons sur deux contributions apportées à notre rubrique Regards, et publiées en cours d’année, qui avec le recul, résonnent particulièrement cet été dans l’actualité de l’espace méditerranéen ; avant de clore ce premier Carnet en donnant la parole à deux de ses observateurs.
Alors, sous la canicule ou les ombrages, restons en lien.
Bernard Ughetto
Vice- Président de CDM
[1] Belle du Seigneur (1968) – Albert Cohen
[2] Pendant que de partout viennent les témoignages réconfortants d’actes admirables de solidarité provenant d’hommes et de femmes qui s’engagent pour porter assistance à ceux qui sont gravement en péril, malgré la menace ou l’intimidation des pouvoirs publics.
[3] Ces trois navires affrétés par des organisations humanitaires pour porter secours en Méditerranée ont tous été empêchés, sous divers prétextes, de reprendre la mer.
Relire à ce sujet le texte que nous a adressé Francis Vallat, Président de SOS Méditerranée, mis en ligne sur notre site le 10 mai 2019.
[4] Voir à ce propos l’éditorial de Patrick Gérault du 3 juillet dernier.
[5] Les Actes de l’Université d’Hiver consacrés à « Jérusalem au cœur le Méditerranée » seront disponibles à l’automne et peuvent d’ores et déjà être réservés auprès de notre trésorier Xavier Godard 1555 Chemin des Saints Pères- 13090 Aix en Provence, moyennant un règlement de 10 €. Pour accéder au bon de souscription, cliquer ICI.
Illustration : CC0 Domaine public
