Deux films récents, réalisés en Palestine, décrivent avec une implacable précision la réalité sanglante de l’occupation israélienne. L’un de leurs auteurs a été l’objet d’une vengeance brutale de la part de la colonisation, dans la ville où il réside en Cisjordanie, suivie d’un emprisonnement par l’armée israélienne, même si sa notoriété lui a valu une prompte libération.
From Ground Zero
Un film tourné depuis Gaza par 22 cinéastes palestiniens
C’est un film à sketches de 22 réalisateurs différents. Le film est fait de 22 courts métrages, dont des documentaires, des fictions, des films d’animation et des films expérimentaux sur la situation de Gaza pendant la guerre Israël-Hamas de 2023-2024 entraînant un risque de génocide.
Le film connait sa première au cinquième festival international du film d’Amman, le 5 juillet 2024 ; en Amérique, il est projeté au 49e festival international du film de Toronto le 9 septembre dans la sélection documentaire. Il est présélectionné pour représenter la Palestine à la 97e cérémonie des Oscars dans la liste réduite de décembre mais n’est pas nominé.
Le film sort le 3 janvier 2025 aux États-Unis, en février 2025 en France.
Composition
- Selfies, de Reema Mahmoud : la réalisatrice se filme d’un point de vue féminin dans un camp de réfugiés ;
- Hors Réseau, de Muhammad Alshareef, où une petite fille cherche son père dans les décombres ;
- Cinéma, Pardonne-moi, de Ahmad Hassouna, des jeunes hommes récupèrent de la farine par terre. Dans la réalité, ils en font du pain[8] ;
- Flash Back, d’Islam Al Zrieai ;
- Echo, de Mustafa Kallab : court-métrage expérimental, où la guerre n’est présente que par la bande-son[8] ;
- Tout va bien, de Nidal Damo ;
- Peau douce, de Khamees Masharawi, les réactions d’enfants quand on leur écrit leur nom sur les bras, pour pouvoir identifier leurs restes s’ils meurent et que leur corps est dispersé en fragments impossibles à reconnaître[8] ;
- L’Enseignant, de Tamer Najm, où elle filme son père à la recherche de l’indispensable pour survivre, et qui finit par aider les autres[8] ;
- Charme, de Bashar Al-Balbeisi ;
- Jour de classe, d’Ahmed Al-Danf ;
- Surcharges, d’Ala’a Ayob ;
- Le Paradis de l’enfer, de Kareem Satoum ;
- 24 Heures, d’Alaa Damo : Moss’ab est secouru de sous les décombres deux fois en 24 heures[8] ;
- Jad et Natalie, d’Aws Al-Banna : le réalisateur se filme sur les décombres recouvrant le corps de sa fiancée[8] ;
- Recyclage, de Rabab Khamees où une femme utilise plusieurs fois la même eau pour différents usages ;
- Taxi Waneesa, d’E’temad Weshah, où le héros est un cocher de taxi constitué d’une charrette tiré par un âne ;
- Offrandes, de Mustafa Al-Nabih ;
- Non, de Hana Awad, le refus du désespoir par la danse et le chant[8] ;
- Farah et Meryam, de Wissam Moussa ;
- Fragments, de Basil Al-Maqousi ;
- Hors Cadre, de Nidaa Abu Hasna ;
- L’Éveil, de Mahdi Karirah.
Le film commence par un écran noir avec le son d’un drone, donnant ainsi aux spectateurs la bande-son de Gaza ; il est interrompu par un entracte, pour permettre une respiration dans un contenu émotionnel puissant. Treize des 22 films sont des documentaires.
Supervision, Rashid Masharawi
Au commencement de la guerre à Gaza, en 2023, le réalisateur Rashid Masharawi crée le fonds Masharawi pour le cinéma et les réalisateurs à Gaza avec pour objectif de soutenir l’expression des histoires des jeunes réalisateurs palestiniens par le cinéma. Masharawi dit : “Ce qui se déroulait était tellement catastrophique que j’ai jugé important de donner la parole à des hommes et des femmes sur place, pour raconter leur survie au quotidien”. Il soutient la production et la post-production des 22 courts métrages qui constituent From Ground Zero, filmés à différents endroits de la bande de Gaza fin 2023. Masharawi lui-même a perdu 30 membres de sa famille dans cette guerre.
Tous les films ont été tournés sous les bombes et la bande-son de guerre est réelle. La plupart des acteurs ne sont pas professionnels.
Le film est soutenu par l’International Media Support et le Doha Film Institute. Nomadis Images et Akka Films y ont participé.
Source Wikipedia, https://fr.wikipedia.org/wiki/From_Ground_Zero
On trouvera toutes les références dans cet article.
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“No Other Land”, les terres palestiniennes colonisées
Le documentaire No Other Land est sorti en 2024. Nous nous associons à ce qu’exprime notre partenaire le CCFD-Terre Solidaire dans un article publié sur son site le 27 mars 2025 :
Le 24 mars 2025, Hamdan Ballal, l’un des co-réalisateurs, a été arrêté par l’armée israélienne alors qu’il venait d’être lynché par un groupe de colons et qu’il était blessé. Il a été libéré le lendemain. No Other Land décrit la violence de la colonisation israélienne sur la communauté de Masafer Yatta, en Cisjordanie. Ce lynchage et cette arrestation s’inscrivent dans la dynamique de la colonisation : les voix qui la condamnent sont systématiquement ciblées par la violence d’État. Le CCFD-Terre Solidaire exprime toute sa solidarité à Hamdan Ballal, ainsi qu’à l’ensemble de la communauté.
Réalisé par une équipe de Palestiniens et d’Israéliens, No other land documente cinq ans de vie de la communauté de Masafer Yatta, un groupe de villages près d’Hébron, dont la population est menacée d’expulsion. Il sort un an après l’attaque du 7 octobre 2023 et le déferlement de violence depuis ce moment.
Il remporte le prix du public Panorama du meilleur film documentaire, le prix du meilleur documentaire de la Berlinale 2024, et l’Oscar du meilleur film documentaire lors de la 97e cérémonie des Oscars le ,
Lire l’entretien avec deux de ses auteurs, Basel Adra, activiste palestinien de Masafer Yatta, et Yuval Abraham, journaliste israélien, sur le site du CCFD-Terre Solidair.