Fait religieux, laïcité, dialogue interreligieux – VI.

Attendu par beaucoup comme l’occasion de donner un nouvel élan à une vie sociale qui se fragmente dangereusement, le projet de loi confortant le respect des principes républicains destiné initialement à lutter contre le séparatisme, apparaît essentiellement comme une nouvelle réponse sécuritaire (1) à des questions complexes de société, notamment quant à la place des religions, qui n’ont pas été résolues depuis plusieurs décennies et s’enflamment périodiquement. Le contexte terroriste qui a marqué dramatiquement l’automne dernier a accru, sur fond d’angoisse et de tension, le besoin d’une réponse sur le fond, réfléchie et innovatrice à ces questions essentielles. Hélas, il semble bien que ce projet ne soit ni à la hauteur des enjeux ni à celle de l’attente.

Dans l’interview qu’il nous accordée à propos de ce projet, Jean Louis Schlegel (2) estime que ce n’est pas une loi de pacification, et paradoxalement elle aboutit à un autre séparatisme interne à la société française, avant de poser un regard très lucide sur son utilité – je ne crois pas un instant qu’une loi de laïcité plus dure empêchera les actes terroristes. Plus largement il s’exprime sur le potentiel retentissement de ce projet auprès de nos concitoyens de confession musulmane et s’interroge avec justesse sur notre capacité à proposer une voie réaliste de facilitation à une religion qui n’était pas là en 1905“.

Reprenant judicieusement le célèbre aphorisme d’Albert Camus – Mal nommer les choses c’est ajouter aux malheurs du monde – Guy Aurenche (3) estime quant à lui, dans la contribution qu’il nous a adressée, que si on ne peut qu’applaudir au désir de conforter les principes républicains, cette occasion est ratée par ce projet qui potentiellement peut contribuer à ostraciser l’ensemble de la communauté musulmane. Puis il introduit avec pertinence la réflexion sur les conditions nécessaires pour ouvrir le dialogue entre les diverses familles de pensée en France et dans le Bassin méditerranéen, se référant à la fois à l’Histoire, à la démarche chrétienne notamment la pensée sociale de l’Eglise et à la dynamique des droits humains pour tenter de répondre à cette question cruciale.

(1) Voir à ce propos en particulier l’article du Bâtonnier de Paris Olivier Cousi et du Secrétaire Général de Reporters sans frontières Christophe Deloire La loi Séparatisme pourrait s’avérer pire pour les journalistes que la loi Sécurité globale“, article publié dans la rubrique Idées du quotidien Le Monde daté du 8 janvier 2021.
A propos de l’empilement inconséquent de textes répressifs, voir notamment François Sureau,
Sans la liberté, Tract Gallimard n°4, 2 janvier 2019.

(2) Jean Louis Schlegel, sociologue des religions, ancien directeur de la rédaction de la revue Esprit, nous avait précédemment adressé un riche article consacré à la question de la liberté d’expression à propos du fait religieux et la responsabilité qu’elle implique. Nous l’avons publié dans cette rubrique le 9 décembre 2020 (chapitre -III- de notre série intitulée Fait religieux, Laïcité, Dialogue inter-religieux.

(3) Nous avons également publié à cette même date et sous les mêmes références , la précieuse contribution que nous avait aussi adressée sur ce sujet Guy Aurenche, avocat honoraire, ancien Président de l’Action des chrétiens pour l’abolition de la torture (Acat), du CCFD-Terre solidaire (Comité catholique contre la faim et pour le développement) et des Amis de la Vie.

 

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Interview concernant le communautarisme et le projet de loi confortant le respect des principes républicains.

J.-L. Schlegel

1- On observe en France, comme dans d’autres pays, une certaine montée des « communautarismes » de toutes natures, pas seulement religieux, mais aussi ethniques, sexuels, raciaux, anticolonialistes ou autres, souvent sur un fond identitaire. Qu’est- ce que vous inspire cette évolution ? Comment l’expliqueriez-vous ?

Je ne suis pas enthousiaste pour le mot “communautarisme”, dans la mesure où la tendance à créer ou à rejoindre des communautés non seulement n’est pas en soi condamnable, mais peut s’appuyer sur de bonnes raisons et même, après tout, être considérée comme assez naturelle, ne serait-ce que pour se défendre. D’ailleurs, on l’a souvent souligné, même ceux qui condamnent le “communautarisme” appartiennent, ouvertement ou sans en avoir conscience, à des communautés ou à des tribus intellectuelles et morales… Il faudrait un mot de plus : je pense à l’adjectif “fermé”. Ce sont les communautés fermées qui posent problème. C’est vrai aussi d’autres mots, comme “identitaire”… L’identité n’est pas condamnable, mais l’identitarisme intolérant oui. De même de la laïcité : quand un sociologue éminent (Jean Baubérot) discerne “sept laïcités”, on peut comprendre que les militants de la laïcité (nonobstant les cris de ceux qui se prétendent seuls “laïques”, sans adjectif) soient obligés de préciser : laïcité “positive”, “ouverte”, “républicaine”, “éclairée”… Nous vivons dans “l’archipel français”, fragmenté, éclaté, comme dit le sociologue Jérôme Fourquet dans un livre désormais célèbre, et il faut en tenir compte. A certains égards, la tendance “communautaire” actuelle reflète aussi cette réalité multiple, multiculturelle (qui n’a pas été créée d’en haut par la gauche : c’est la société qui a évolué dans ce sens, et Fourquet explique aussi pourquoi). Pour revenir à la question : le président de la République a eu raison de préférer le mot “séparatisme” (même s’il s’est rallié ensuite à la “laïcité républicaine”, la seule vraie selon ses promoteurs…).

Pour les “communautarismes” multiples (et fermés) dont vous parlez, il y a plusieurs interprétations possibles, mais on peut y voir par exemple à la fois des effets de et des protections contre la mondialisation des “flux” et du “liquide” en tout genre.

Je suis plutôt frappé pour ma part de la montée d’un certain “radicalisme” et de l’éloge du mot “radical” : il s’agit d’être “radical” dans les engagements (qu’on postule “justes “, bien sûr), et aussi d’être “radical” dans les mots. On donne ainsi, je le crains, un sens positif à ce qui n’est souvent qu’un sectarisme. Ou encore, c’est comme si les réseaux sociaux avaient libéré une sorte de violence retenue jusque-là, qui maintenant les dépasse et s’est répandue dans tout l’espace public.

2- Vous avez beaucoup étudié le catholicisme dans la société française. Vous semble-t-il glisser lui-même en partie vers le communautarisme ?

Le catholicisme est bien entendu tributaire de cette tendance, même si les tendances centrifuges ou l’éclatement dans l’Eglise sont toujours refrénées et rééquilibrées par un pouvoir et des autorités verticales, hiérarchiques (i.e. “sacrale” : le mot grec hieros signifie “sacré”) qui appellent à l’unité, à la communion, à l’obéissance, à la conformité. Le mot qui conviendrait le mieux, c’est “affinité” : les catholiques aussi pratiquent les regroupements “affinitaires”. Mais il y a aussi des paradoxes : les plus communautaires voire communautaristes sont les très ” tradis” ou les “intégristes”, qui prônent l’autorité et l’obéissance, mais affichent plus encore que d’autres leur individualisme et la force de leur subjectivité en “désobéissant” sans complexe au Magistère et en faisant sécession, voire schisme, quand ils ne sont pas d’accord.

3- L’essayiste américain Mark Lila, dénonçant les ravages du communautarisme dans son pays et l’absence de toute vision commune, écrivait en 2018 dans son livre La gauche identitaire que les Français eux-mêmes « semblent fatigués de l’idée républicaine et que ceux qui défendent encore la laïcité semblent avoir oubliés le principe de solidarité“. Qu’en pensez-vous ?

Oui, Mark Lila pose une bonne question, mais est-ce que la réponse est le retour sans autre à l’unité ou l’unicité “républicaine” ou à une laïcité plus “sociale” ? Lila critique une gauche surtout soucieuse de défendre toutes les minorités et qui perd totalement de vue la société dans son ensemble et l’ “intérêt général”. D’une certaine façon, la réponse est dans la question : outre la force de la société plurielle ou pluralisée (et mondialisée), encore faudrait-il être au clair sur la “République” et ce qu’elle engage, ou sur la laïcité et ses exigences. Il y a une grande ignorance là-dessus, et il est frappant de voir que quand on veut relancer l’une et l’autre – la République et la laïcité -, il faut lancer des propos martiaux, imposer de gré ou de force leurs obligations censées bonnes pour tous et bien connues… Au diable la pédagogie et les efforts pour convaincre ! Et par ailleurs, bien entendu, la République et la laïcité sont en échec économique et social dans les banlieues, les cités et les quartiers prioritairement concernés, avec la complicité (involontaire ou inconsciente, mais compréhensible) des classes moyennes françaises (je ne parle même pas des bourgeoisies riches) qui se sont retirées de ces lieux inconfortables, insalubres et souvent perçus comme violents. Les deux – République et laïcité – ne peuvent convaincre qu’en assurant le lien social, c’est-à-dire en étant vraiment « sociaux ».

4- Dans le contexte de la nouvelle vague d’attentats terroristes, que pensez-vous du projet de loi confortant le respect des principes républicains” ? Ces dispositions ont-elles une utilité compte tenu du droit déjà existant ? Faut-il en rajouter pour prévenir le phénomène communautariste alors que, quoiqu’on en dise ses dispositions restreignent encore certaines libertés associatives et individuelles au détriment de la liberté ?

Je suis de ceux qui vont dans le sens de la question. La loi annoncée contre le séparatisme est devenue, le terrorisme aidant, celle d’un camp laïque considéré comme intransigeant, contre un camp considéré comme plus ouvert, préoccupé de formation et de pédagogie, et représenté par l’Observatoire de la laïcité, soupçonné quant à lui de sympathies ou de mollesse pour l’islamisme. Ce n’est pas une loi de pacification, et paradoxalement elle aboutit à un autre séparatisme, interne à la laïcité française ; et elle donne aussi une image très coercitive de cette laïcité (même si à leur tour des accusations américaines contre cette loi, d’opprimer la liberté ou de brimer les libertés, sont absurdes). En voyant le scénario des récents attentats, je ne crois pas un instant qu’une loi de laïcité plus dure empêchera les actes terroristes. J’allais dire : ça n’a rien à voir (on pourrait même dire qu’une telle loi, c’est exactement le souhait des assassins). J’ajoute que le désormais célèbre islamo-gauchisme n’est pas un concept sérieux, c’est une insulte pour stigmatiser ceux qui veulent malgré tout défendre les “simples musulmans” et le “simple islam”, qui n’ont rien à voir avec la violence et la cruauté inouïe de terroristes devenus fous.

Il faut certes être ferme, ou plus ferme, par rapport aux atteintes claires à la laïcité. Ainsi la loi anti-burqa était à mon avis une bonne chose : même si le nombre de burqas en France était faible et même si les raisons de le porter relevaient plus du malaise féminin que de l’idéologie, il était bon de donner ce signal : en démocratie, on montre son visage. De même, le contrôle des imams et de leurs prêches, les modalités de leur désignation, etc., doivent être revus, mais comme une exigence dont doit s’acquitter le CFCM (Conseil français du Culte Musulman) plutôt que la République (mais avec l’aide de la République). Cela fait 15 ans au moins qu’on parle de la formation des imams, et de son côté, la République laïque est incapable, au nom de ses principes immuables, de proposer une voie réaliste de facilitation à une religion qui n’était pas là en 1906 : on peut gager que Briand ou Jaurès, considérés comme les principales chevilles ouvrières de cette loi, auraient cherché et trouvé une solution.

Je n’ignore pas, bien entendu, que des islamistes radicaux tentent de squatter des quartiers et d’y imprimer leurs lois et leur propagande. Mais je ne vois pas qui d’autre que les pouvoirs publics (l’Etat et les mairies) a les moyens de mettre fin aux agissements “hors-la-loi”, à la fois par ses moyens de police et par une politique sociale ou une “politique de la ville” efficace.

5- Comment ce projet est-il perçu, selon vous, par les musulmans français ? Risque-t-il de les stigmatiser davantage ?

Je pense que ce sont surtout les responsables musulmans qui s’en préoccupent et s’inquiètent de la stigmatisation. Les “simples musulmans” s’en fichent probablement pourvu qu’on les laisse prier à la mosquée, faire leurs courses avec des produits hallal, envoyer leurs enfants à l’école, mettre (les femmes) le voile, etc. Je crains que les islamistes s’en réjouissent : cela va leur permettre de dénoncer les brimades et la discrimination des musulmans dans la République laïque. Je rappelle que nous parlons bien ici de Français musulmans, c’est-à-dire de citoyens français de confession musulmane, et non pas d’étrangers sur notre sol, comme le font en général le Rassemblement National et d’autres.

6-De manière plus générale comment les musulmans de France vivent-ils la situation actuelle en France marquée par une forte réaffirmation des valeurs attachées à la laïcité ?

Il faudrait faire une enquête précise auprès des musulmans quant à leur opinion sur cette loi – s’ils en ont une. Le CFCM veut donner et donne des gages importants, en paroles, après les récents attentats, en particulier après l’assassinat de Samuel Paty. Il est probable que beaucoup de “simples musulmans” ont été horrifiés, nombreux sont ceux qui ont fait état de leur “honte”, de leur humiliation, déjà présente auparavant mais encore aggravée. J’ajoute que face au récent confinement, les Français musulmans ont eu un comportement plus civique que certains catholiques, obsédés par le “droit à la messe “, considérant que la liberté religieuse était menacée et mettant cette liberté au-dessus du risque sanitaire et du Bien commun.

C’est pour cette raison qu’il importe, à mon sens, de ne pas en rajouter sur la “différence” musulmane, sur l’islam inassimilable, etc.. Il y a peut-être du spécifique musulman, mais l’islam mondial est pris dans une tourmente religieuse prodigieuse, et de très fortes divisions politiques. En outre, dans la plupart des pays et républiques islamiques, la séparation entre religion et politique n’est pas assurée, et les régimes – quasiment tous autoritaires – manipulent à leur guise leur population restée très religieuse et persécutent leurs opposants “laïques”. On ne voit nulle part – sinon un peu au Maroc et en Tunisie – une sorte de modèle de vie religieuse selon l’islam, à la fois libre, ouverte tout en restant vraiment musulmane. Tant qu’il en sera ainsi de l’islam mondialisé, les Français musulmans sous pression seront dans la difficulté pour vivre sereinement leur foi dans les sociétés modernes, démocratiques et sécularisées.

Entretien avec Jean-Louis Schlegel, 21/12/20

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A propos de la LOI POUR CONFORTER LES PRINCIPES RÉPUBLICAINS

LES CONDITIONS D’UN VRAI DIALOGUE

Guy Aurenche

“Mal nommer les choses, c’est ajouter aux malheurs du monde”. Cette opinion camusienne s’est rarement mieux appliquée qu’à ce projet de loi contre le séparatisme islamiste pudiquement re-qualifiée loi pour conforter les principes républicains .

En ces temps mêlés de mondialisation violente et de quête d’identité, on ne peut qu’applaudir au désir de “conforter” les principes fondant la République. C’est hélas raté ! On ne joue pas avec les exigences du dialogue.

Mise à jour ou stigmatisation ?

Il serait utile de re-visiter des principes issus de la IIIème république qui ne brillait pas par son souci d’égalité ! Il faudrait aussi tenir compte de la redoutable “efficacité” des nouveaux médias. Et des contextes sociaux et culturels récents dans lesquels doit être mené un dialogue entre les membres de la communauté française de 2021.

Après le rappel succinct des principes anciens, y compris celui de la laïcité, le projet annonce sa vraie finalité : lutter contre “un entrisme communautaire qui gangrène les fondements de notre société… surtout d’inspiration islamiste… un projet politique conscient politico-religieux dont l’ambition est de faire prévaloir les normes religieuses sur la loi commune”.

Il n’est pas question de minorer le risque que crée l’existence en France et à l’étranger de groupes minoritaires, prétendant se référer à l’Islam, et qui visent la destruction d’une société pluraliste, inspirée par le souci du respect effectif des droits humains. La vigilance et la répression s’imposent. Mais viser quasi exclusivement l’ennemi islamiste ostracise immanquablement l’ensemble de la population musulmane. On ne dialogue pas dans le soupçon.

L’histoire au service du dialogue

Quittons le projet de loi et rêvons un peu. A quelles conditions ouvrir le débat entre les diverses familles de pensée en France et dans le Bassin méditerranéen ?

Convoquons l’Histoire. Que les divers groupes exposent leurs convictions principales au service du Vivre-ensemble. Qu’ils en précisent les conditions historiques de leur formulation.

Qu’en est-il du principe de la laïcité et de la séparation entre les autorités religieuses et politiques ? Si la loi de 1905 posait ce principe, elle le faisait, pour certains de ses promoteurs dans une visée de guerre anticatholique tandis que la majorité y voyait la condition d’une vie apaisée, au moment où l’Église perdait la maitrise culturelle de la société.

Éclairages chrétiens

Dans un tel dialogue les chrétiens pourraient, tout en reconnaissant humblement que les relations avec le pouvoir furent souvent dramatiques en Europe, s’inspirer de la parole de Jésus : “Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu” (Mathieu 22.15). Non pas une simple boutade de Jésus, mais l’affirmation positive de la nécessité d’une telle séparation entre les deux “autorités”. Qu’en est-il de l’affirmation de la supériorité de “la Loi de Dieu” sur la Loi des hommes ? Comme si Dieu pouvait “recommander” une autre loi que celle de l’amour inconditionnel et du respect de la dignité de toute personne. Comme si le “désir” de Dieu pouvait s’opposer au plein épanouissement de la personne ?

La pensée sociale de l’Église, sans se calquer sur les “principes républicains”, les éclaire, et les fonde en recommandant la dignité de la personne, la fraternité universelle, la liberté de conscience, la priorité de l’action avec les pauvres, la destination universelle des biens, le principe de subsidiarité, la solidarité.

Que disent les amis juifs ou musulmans sur ces diverses questions et tout spécialement celle de la séparation du religieux et du politique ? De la primauté de la loi de Dieu sur celle des hommes ?

Droits humains et inculturation des principes

La référence à la dynamique des droits humains peut aider au dialogue entre courants politiques et religieux différents. Cette réglementation veut lutter contre la barbarie et pour la libération de l’homme de la terreur et de la misère. Le projet de loi vise des questions délicates touchant à la liberté d’instruction par les parents, à la neutralité des agents de la fonction publique, à la diffusion d’informations concernant la vie privée,etc… Tous ces droits peuvent être limités, si les circonstances l’exigent et d’une manière provisoire, avec le contrôle par l’autorité judiciaire ; à la condition que ces restrictions soient absolument nécessaires à la paix civile “dans une société démocratique”. Par ailleurs la future loi remet en cause des pratiques familiales spécifiques, la polygamie, le droit à l’héritage pour les femmes. Comment le faire sans un dialogue préalable ?

La dynamique des droits humains propose des obligations à vocation “universelle”, sans les rattacher à une conception particulière de la personne humaine. Toute famille de pensée peut donc “s’y retrouver” et envisager un dialogue. Que dis-tu de la liberté de conscience ? Du geste inhumain ? De la limitation de tout pouvoir, y compris religieux ?

Il est urgent d’ouvrir un tel débat. En raison de ses ambiguïtés le projet de loi ne le permettra pas. A nous de le tenter.

Guy Aurenche, avocat honoraire.

Ancien président de l’ACAT, du CCFD-Terre solidaire et des Amis de La Vie

 

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