Les chrétiens de Palestine s’adressent à leurs frères et sœurs de France – IV.

En conclusion de cette série consacrée à l’expression par les chrétiens de Palestine de leurs messages d’espoir et de solidarité à l’intention de leurs frères et sœurs de France, voici un nouveau témoignage de Juwana Elias, chrétienne palestinienne, enseignante à Ramallah (1).

Elle évoque tout d’abord le bonheur traditionnel de la fête de la Nativité célébrée dans l’ambiance si authentique de Bethléem et la joie à laquelle elle est intimement associée.

Puis elle décrit comment cet événement a été profondément affecté par la pandémie qui a douloureusement privé les familles de l’allégresse de la rencontre à laquelle elles sont attachées par une longue tradition.

Elle rappelle ensuite et dénonce vigoureusement quelques-unes des nombreuses exactions dont les différents cultes – musulman ou chrétien- sont indifféremment victimes, de la part d’extrémistes voire des forces armées, à l’occasion de célébrations pourtant fondamentalement consacrées à la paix.

Elle conclut par un appel à la solidarité internationale, car la route semble encore bien longue avant que cette région ne retrouve, toutes religions et toutes origines confondues, la joie que la fête de la Nativité symbolise si bien.

(1) Nous avons publié le 16 décembre dernier, dans cette même série consacrée aux chrétiens palestiniens, une interview de Juwana Elias, née dans le village de Burquin, près de Jénin, dans lequel après avoir relaté son itinéraire personnel, elle décrivait notamment la situation que vivent les chrétiens palestiniens. https://www.chretiensdelamediterranee.com/les-chretiens-de-palestine-sadressent-a-leurs-freres-et-soeurs-de-france-ii/

Note. En annexe de cet article nous donnons les liens vers trois émissions diffusées sur Radios Chrétiennes en France (RCF), intitulées “Voix de Palestiniens”. Elles éclairent le contexte du témoignage de Juwana Elias. Cette version, adaptée et mise en forme par CDM, n’a pu être relue par l’auteur.

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Nativité 2020 à Bethléem

Juwana Elias

Bethléem, la ville de paix et le berceau du Jésus Christ, se prépare tous les ans durant le mois de décembre pour accueillir le roi des rois. Les chrétiens du monde entier se tournent chaque année, le 24 décembre, vers la Terre sainte pour célébrer Noël dans une ambiance de joie et de sérénité.

Le sapin devant l’église de la Nativité

L’illumination du sapin de Noël, devant l’église de la Nativité, se déroule chaque année en présence d’une grande foule, des Palestiniens, chrétiens et musulmans, mais aussi des étrangers. La célébration de la naissance de Jésus a lieu dans la nuit du 24 décembre. Elle débute par l’entrée solennelle du Patriarche latin de Jérusalem dans la cour de la Nativité. Suivent les groupes de scouts jouant des chants de Noël sur divers instruments de musique. Elle se clôture par la messe de minuit, honorée par la venue du président de l’Autorité palestinienne et d’autres personnalités politiques.

Cependant, ce moment de l’année que tout le monde attend d’une année à l’autre, se célèbre différemment cette année à cause de l’épidémie du Coronavirus. Noël 2020 s’est fêté dans des circonstances de tristesse. Il a manqué les retrouvailles en famille et les aspects habituels de fête, attendus, mettant le sourire sur les visages des adultes autant que des enfants. Mais le sens véritable de la fête, c’est la joie. Elle nous fait vivre dans l’allégresse la période de l’Avent, l’attente de la naissance de l’enfant divin, l’enfant de paix dans la ville de paix, dans une grotte, avec un modeste berceau de paille. Il portera l’espoir et la jubilation à notre cher pays, dans l’espérance que les jours à venir seront meilleurs pour la Palestine et pour le monde.

Alors, dans ce mois de fêtes où toutes les villes palestiniennes se revêtent de leur robe de Noël, le 4 décembre de cette année, au moment de l’entrée solennelle du nouveau Patriarche latin de Jérusalem, Monseigneur Pierre-Batista Pizzaballa, dans la basilique du Saint Sépulcre, un événement inattendu est survenu. Un colon juif extrémiste a tenté de mettre le feu à l’église de Gethsémani, violant ainsi de manière flagrante le respect dû aux lieux de culte chrétiens à Jérusalem. Cet acte raciste porte atteinte à toutes les religions monothéistes qui coexistent à Jérusalem. Le lieu témoigne de l’endroit où Jésus le Christ a passé ses derniers moments sur la terre. Là, selon les Evangiles, les responsables juifs de son temps sont venus avec des hommes en armes, dans ce jardin de Gethsémani, calme, planté d’oliviers, symboles de la paix, pour arrêter Jésus et le conduire à la crucifixion. Aujourd’hui, grâce à l’entraide entre les citoyens de Jérusalem, le gardien de l’église, avec d’autres Jérusalémites, a pu mettre un terme à cet acte odieux à l’encontre de la ville sainte et de ses lieux saints.

Cette action n’est pas la première du même genre, contre les lieux de culte chrétiens autant que musulmans. En 2015, l’église de Tabgha, encore appelée l’église du pain et des poissons, au bord du lac de Tibériade, a été incendiée. L’attentat a provoqué d’énormes dégâts et a laissé des inscriptions racistes en hébreu, à connotation religieuse. En 2018, les forces israéliennes ont agressé des religieux coptes et en ont arrêté un autre au cours d’une manifestation de l’Eglise copte dans la cour de l’église du Saint Sépulcre, empêchant ainsi l’Eglise copte de restaurer ce haut-lieu religieux de Jérusalem. De même, l’armée israélienne fait constamment des incursions dans la mosquée Al-Aqsa, et elles sont plus fréquentes pendant les fêtes juives.

Israël essaie de semer la haine entre les citoyens de Jérusalem, surtout en ces mois de fêtes. Dans le même sens, on se rappelle que le 6 décembre 2017, l’ancien président américain Donald Trump a reconnu unilatéralement Jérusalem comme capitale de l’État d’Israël, au mépris de toutes les résolutions des Nations Unies à cet égard.

A cette occasion, nous appelons toutes les nations libres du monde à soutenir leurs frères et sœurs palestiniens, dans la poursuite de leur démarche de résistance, dans leur capacité de résilience sur cette terre sainte où ils s’efforcent de sauvegarder leurs lieux de culte, puisqu’ils sont protégés par toutes les résolutions internationales. Que les nations libres du monde les aident à faire pousser l’amour à la place de la haine, car c’est un droit légitime pour toute personne de pratiquer sa religion, sur sa terre, sans aucune restriction.

Juwana Elias

Janvier 2021

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Annexe. “Voix de Palestiniens” sur Radios Chrétiennes en France

Une série de trois émissions en lien avec France Palestine Solidarité, le collectif Bresse de Festisol et l’Alliance Française à Bethléem a été diffusée sur RCF-Pays de l’Ain au cours du mois de janvier 2021 Elles donnent un éclairage sur ce que vivent les chrétiens de Palestine aux côtés de leurs compatriotes musulmans. On peut toujours les écouter en ligne, après inscription gratuite sur le site de RCF.

Voici leurs thèmes (durée 25 minutes chacune).

-6 janvier 2021. Mariam, Kate et Alaa expliquent leur vie en Palestine : le confinement et l’école, le sport, l’apprentissage du français.

https://rcf.fr/vie-quotidienne/autour-du-monde/festisol-en-mode-confine-voix-de-palestiniens-13

-13 janvier 2021. Wadi, jeune Palestinien, raconte son arrestation et son incarcération. Sama, Céline et Jana expliquent leur vie de collégiennes. Adam est un artiste palestinien.

https://rcf.fr/vie-quotidienne/autour-du-monde/festisol-en-mode-confine-voix-de-palestiniens-23

-20 janvier 2021. Nasri est un jeune scout musicien qui souhaite devenir architecte. Muhanad est professeur de sport et vit à Hébron.

https://rcf.fr/vie-quotidienne/autour-du-monde/festisol-en-mode-confine-voix-de-palestiniens-33

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