Titre
Décris-RavageSous titre
1er épisode : Décrire l’Egypte, ravager la PalestineAuteur
Adeline Rosenstein, Alex BaladiType
livreEditeur
Genève (Suisse) : Atrabile, 2016Collection
Bile blancheNombre de pages
69 p.Prix
15 €Date de publication
20 août 2019Décris-Ravage
Décris-Ravage : action d’endommager considérablement une chose en la décrivant.
Cet ensemble de trois séquences ou chapitres, présenté sous forme de BD, rassemble les 3 premiers épisodes d’une série de 6. La question israélo-palestinienne, la question de l’État de la Palestine hier et aujourd’hui, le rapport entre le Moyen-Orient et l’Occident y sont étudiés et présentés depuis la venue de Napoléon Bonaparte[1].
Les 3 prochains épisodes devraient être publiés prochainement. Cette histoire a d’abord été présentée au public sous forme de pièce de théâtre[2].
1er épisode : Décrire l’Égypte, ravager la Palestine
Ce premier épisode, donc, nous entraîne loin dans l’histoire, histoire des conquêtes napoléoniennes. Ce qui étonne, à la première lecture, c’est ce style très particulier, ni linéaire, ni totalement bande dessinée ni totalement documentaire. Des mots, des mots inventés, des phrases, des impressions, des émotions, des va-et-vient entre passé et proche présent. Un style donc qui nous emmène dans le « ravage de la Palestine ».
Nous entrons de plein pied, plein fouet… dans les campagnes guerrières de Napoléon Bonaparte[3]. Nous le savions par nos livres d’histoire : campagnes sauvages, de conquêtes de territoires et de peuples : l’Égypte, la Syrie puis la Palestine ; l’idée mégalomane de relier l’Égypte à la Syrie en détruisant tout sur le passage de l’armée : Jaffa, Gaza, Saint-Jean d’Acre… Des textes, des illustrations authentiques, choquant bien souvent le lecteur par la violence de l’intervention militaire française.
Déjà apparaît le discours colonial : Napoléon annonce qu’il n’est pas venu en ennemi des musulmans, mais pour les libérer de leurs oppresseurs et offrir au peuple des institutions représentatives… Enfin, la manipulation peut commencer avec pour conséquence une révolte de la population contre les Ottomans, révolte matée dans le sang, les assassinats, les arrestations, les tortures, le saccage de la grande Mosquée Al Azhar, au Caire. Et Bonaparte continue sa route…. Vers la Syrie pour la relier à l’Égypte. Son plan : prendre Saint-Jean d’Acre. Encore une fois, l’histoire est sanglante : populations de Jaffa et Gaza massacrées, « une pyramide de 2500 morts » avant de prendre Saint-Jean d’Acre, mais la ville ne se rend pas.
Le reste des pages ne peut se raconter, il entraîne le lecteur à l’intérieur d’un théâtre sanglant sans l’unité de temps, dans lequel nous allons de Bonaparte à Nasser.
C’est beau et dramatique comme un chant lyrique, comme la langue arabe, la culture arabe cette culture qui continue malgré toutes les oppressions de rayonner, cette culture qui fait tenir un peuple debout. C’est beau comme cette citation : « Les visiteurs nous ont dit : montrez-nous ! On leur a montré nos blessures, on leur a tout montré. Une dame d’Europe est venue, elle a vu notre situation, elle a commencé à pleurer. Je lui ai dit : ne pleurez pas Madame, les pleurs vont vous soulager vous mais pas nous. Nous ne voulons rendre personne malade ni qu’on se soulage chez nous avec des pleurs. Ne pleurez pas. Que personne ne pleure ! Insurgez-vous ! »
Quelle leçon de courage, quelle dignité. Cette terre que l’on dira plus tard : « une terre sans peuple pour un peuple sans terre », continue malgré toutes les dépossessions de vivre et d’espérer.
Ce premier épisode plein de violences guerrières nous conduit à poursuivre notre recherche de sens, d’explications du « ravage de la Palestine » depuis Napoléon.
Le 2ème épisode nous entraînera dans la description de l’Empire ottoman en passant par Paris, la Grèce, l’Algérie et le voyage de Lourdes à Jérusalem pour revenir en Palestine.
Marilyn Pacouret
Secrétaire générale de CDM
Notes de la rédaction (2 et 3)
[1] Nous aurions pu faire le choix de présenter une seule et même recension pour ces trois épisodes ou chapitres mais pour plus de clarté et/ou d’approfondissement de l’œuvre, nous avons préféré rédiger 3 recensions distinctes mais aussi entremêlées comme l’est toute l’histoire de ce petit bout de terre qu’était la Palestine historique et qui est devenue celle qui n’existe plus ou pas encore, nommée « Territoires occupés » : Cisjordanie, Bande de Gaza, Jérusalem-Est, et qui est toujours en attente de reconnaissance d’un Etat à part entière, un État souverain.
[2] Adeline Rosenstein, d’origine allemande, a grandi à Genève, étudié à Jérusalem et Berlin, et travaillé entre Buenos Aires, Berlin et Bruxelles. A l’image de Décris-Ravage, qu’elle a écrit et mis en scène, A. Rosenstein développe depuis plusieurs années une forme de théâtre documentaire. Pour en savoir plus, cliquer ICI.
Décris-Ravage a été jouée à Paris au Théâtre de la Cité internationale : cliquer ICI
Alex Baladi, dessinateur, est un vieux compagnon de route des éditions Atrabile. En janvier 2019, au festival international d’Angoulême, il a reçu le Prix de la bande dessinée alternative. Pour en savoir plus, cliquer ICI
[3] Pour en savoir plus sur l’Expédition d’Égypte (1798-1801) menée par Bonaparte, cliquer ICI