Recension

Titre

Dieu est Dieu

Sous titre

Quête de l'humanité commune

Auteur

Claude Dagens, Guy Coq, Emmanuel Falque

Type

livre

Editeur

Le Cerf, 2015

Collection

Spiritualité

Nombre de pages

213

Prix

15 €

Date de publication

4 avril 2016

En savoir plus

Dieu est Dieu

Le livre se présente sous la forme de trois articles écrits par Mgr Dagens, alors évêque d’Angoulême, de l’Académie française, Guy Coq, professeur agrégé de philosophie et Emmanuel Falque, doyen de la faculté de philosophie de l’Institut catholique de Paris.

Entre ces trois auteurs, d’une évidente communion de pensée, se tisse un dialogue plus que ne se succèdent leurs contributions.

Le sous-titre définit bien la perspective de l’ouvrage et c’est par rapport à lui qu’il convient de comprendre le titre : le Dieu dont il est ici question est celui dont la Bible parle comme « d’un ami de l’homme ». Adressé en particulier à des chrétiens qui réfléchissent à leur foi, il ne sera pas étranger à ceux qui s’interrogent sur la foi des chrétiens. Un fil relie ces pages, celui « de l’humanité commune », ce que les hommes partagent du seul fait de leur appartenance à l’humanité. Comment le Tout-Autre peut-il avoir quelque chose en commun avec cette créature certes admirable, mais aussi complexe, faillible et malade ? Tel est l’enjeu du livre.

Dès la préface, Mgr Dagens annonce la perspective : dans une société sécularisée, il est possible de faire l’expérience de Dieu, parce que Dieu vient à l’homme. Cette rencontre dont l’intelligence humaine peut rendre compte demande un mouvement d’intériorisation, au sens d’entrer dans notre humanité, là où le Verbe a planté sa présence. Puis Mgr Dagens insiste sur deux points. La foi chrétienne annonce la vie parce qu’elle soigne les blessures et proclame la résurrection. Pour autant, elle prend au sérieux, avec le Crucifié, la réalité de la mort, mais comme une transfiguration qui fait vivre en Lui.

Guy Coq se demande ensuite comment inscrire ce message dans la vie sociale. Il rappelle les heurts qui ont surgi entre l’Eglise et la société. A l’aide de trois auteurs, il trace son chemin : au concile Vatican II et au pape François, il emprunte l’idée que l’Eglise ne se dresse pas face à la société, en rivale, mais qu’elle l’accompagne avec miséricorde ; avec Maurice Bellet, il redit l’importance de la relation pour construire de l’humain ; d’Emmanuel Mounier il garde la perspective de chrétiens qui, sans confusion des genres, s’engagent humblement pour rendre la société mieux humaine. C’est ce déplacement de style qui rend crédible la foi chrétienne dans le monde actuel.

Emmanuel Falque rebondit sur les propos de Claude Dagens, également à partir de Vatican II. Rien ne sert de se lamenter. Penser contre n’est pas forcément penser juste. C’est dans la réalité telle qu’elle est, que se joue, plus que l’inculturation de la foi, sa puissance transformante. Elle agit dans cette finitude commune à tous où le Fils est entré. L’incarnation n’est pas fragilité mais Vie ; le corps livré n’est pas chair repliée, mais épandue sur la terre ; la descente jusqu’au plus bas de l’homme est reprise de tout ce qu’est l’homme.

De ce point commun au plus creux de l’histoire, le salut peut s’élancer, parce qu’en lui-même le Dieu Trinité vit une communion fondatrice.

Un livre clair et profond qui invite à la méditation.

Albert Rouet, Archevêque émérite de Poitiers