Titre

Ensemble vers la Paix

Sous titre

Des croyants de toutes traditions témoignent

Auteur

[entretiens conduits par] Véronique Francou ; préface de Philippe Haddad

Type

livre

Editeur

Le Coudray-Macouard : Saint-Léger éditions, nov. 2019

Nombre de pages

360 p.

Prix

22 €

Date de publication

25 août 2020

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Ensemble vers la Paix – Des croyants de toutes traditions témoignent

Voilà un livre choral, bienvenu en ces temps de crispations et d’inquiétudes d’une humanité confrontée à une mondialisation incontrôlée. La coordinatrice, passionnée par le dialogue interreligieux et l’ouverture à toutes les traditions1, donne la parole à vingt-trois personnalités où chacune joue sa propre partition, sur un tempo et un thème imposés2. L’intérêt ne tient donc pas à une lecture suivie de l’ouvrage, mais à la variation des apports de chaque contributeur.

On repère vite la pluralité des auteurs (présentés par ordre alphabétique). Une courte introduction biographique permet de les situer dans leurs propres traditions : hindoue, chrétienne, juive, bouddhiste ou musulmane, avec leurs nuances ou leurs obédiences propres. Les invités à témoigner (seize hommes et sept femmes) sont de tous âges et de toutes nationalités, avec des parcours de vie différents. Certains sont médiatiquement connus, d’autres non. Si quelques-uns ont exercé des responsabilités, d’autres n’ont que leur qualification de militants. Les uns sont prolixes (jusque vingt-quatre pages), d’autres sont plus succincts (six pages). Il y a parmi eux de véritables théologiens ou des mystiques, et d’autres plus actifs et engagés.

Ce qui les réunit, c’est le thème imposé : la paix. Leurs interviews successives se déroulent, de façon un peu répétitive, en suivant la même trame d’un questionnaire préétabli. On y aborde les aspects généraux de violence, de guerre et de paix. Puis, on s’intéresse aux traditions religieuses et leur ouverture aux autres dans l’interreligieux. Viennent ensuite les questions liées à l’éducation, à la transmission aux jeunes et au rôle de la femme. On poursuit avec les conditions de la paix autour des notions de pardon et de miséricorde. Pour terminer, chacun peut évoquer une expérience personnelle marquante et dire ses raisons d’espérer.

On ne peut résumer un tel livre. Les textes sont construits et abordables, mais denses, parfois presque techniques quand il s’agit de philosophie, d’exégèse ou de théologie. Et, comme les auteurs sont divers, on pourra apprécier la diversité des réponses aux questions, souvent développées, parfois esquivées. Certaines frôlent la mystique, ou l’utopie de ce que devrait être un monde en paix. D’autres sont plus réalistes, en particulier celles émanant de militants qui ne reculent pas à prendre des positions politiques. Ainsi de ces mots de « pardon et miséricorde » qui se voient renvoyés à une question préalable : et la justice d’abord ?… Chacune de ces contributions apporte son lot de pépites, de formules à retenir, de phrases-choc qui invitent à la réflexion ou au retournement du regard. Au lecteur de les savourer et de s’en nourrir. De plus, les traditions religieuses étant nombreuses, et certaines parfois méconnues ou décriées, le livre en apprend beaucoup et ouvre des horizons insoupçonnés.

C’est en refermant l’ouvrage que les convergences apparaissent. Presque tous les auteurs estiment, preuves à l’appui, que la violence diminue dans le monde, alors même qu’elle est davantage ressentie (par l’immédiateté des médias et des réseaux sociaux). Tous disent que la paix, c’est autre chose que l’absence de guerre. D’ailleurs, les grandes traditions religieuses prônent la paix intérieure qui met l’homme en harmonie avec son environnement. Tous insistent sur l’éducation comme passage obligé pour entrer en humanité, et sur l’importance de la famille, premier lieu de socialisation. Car, pour tous ces témoins qui appartiennent à un monde religieux, c’est bien l’humanité qu’il s’agit de construire dans la paix par l’ouverture à l’autre, à tous les autres, au monde « qui est devenu notre prochain » comme l’écrit Philippe Haddad dans sa préface. Par des chemins spirituels différents, ces humanistes apportent l’idéal et l’espérance d’un monde plus fraternel.

« Ensemble vers la paix ». On appréciera la dynamique sous-jacente du titre : la paix n’est pas un acquis définitif mais un itinéraire à parcourir avec d’autres. Ce n’est pas non plus l’apanage des religions qui auraient réponse à tout : le sous-titre n’annonce que des « témoignages de croyants ». Ce n’est pas un livre exhaustif sur la question. C’est une contribution. On sait qu’il existe d’autres traditions religieuses que celles citées ici, celles d’Afrique ou d’Amérique du Sud, par exemple, ou même celles de ceux qui ne s’affirment pas comme croyants. Il existe aussi d’autres chantiers pour construire la paix : l’action politique et la géopolitique sont de ceux-là. Même avec ces manques, ce livre mérite d’être lu, car, comme l’écrit Véronique Francou : « Beaucoup de nos contemporains considèrent aujourd’hui les religions comme des facteurs de guerre et non de réconciliation et de paix. Or les religions ne sont pas en cause, mais leurs déformations et leurs déviations ».

L’ouvrage remet donc les choses à leur juste place, et de belle manière…

Claude Popin

Notes de la rédaction

1 Véronique Francou a assisté à la rencontre d’Assise convoquée par le pape Jean-Paul II, en Octobre 1986. Membre de plusieurs associations interreligieuses dont les Amitiés judéo-chrétiennes et le Vivre ensemble à Cannes, elle anime des émissions à RCF Nice Côte d’Azur « Croyants ensemble vers la paix ».

2 Ont participé à cet ouvrage :

Antoine Arjakovsky (historien de confession chrétienne orthodoxe) ; Foudil Ben Abadji (fraternité d’Abraham ; Anat Ben David (Womenwagepeace, Israël) ; Cheikh Khaled Bentounès (président de AISA international, guide spirituel de la confrérie soufie Alawya et fondateur des scouts musulmans) ; Professeur Mustapha Cherif (islamologue, écrivain, conférencier) ; Emmanuel Chouraqui (fils d’André Chouraqui) ; Arun Gandhi, petit-fils du Mahatma ; Jean Claude Gaubert (Association Soka Gakai Bouddhisme japonais représentant Daisaku Ikeda) ; Père Vladimir Gaudrat (Père Abbé de l’Abbaye de Lérins) ; Père Guy Gilbert (curé des loubards) ; Samuel Grzybowski (fondateur de Coexister) ; Pierre Lacoste, pasteur protestant (Beyrouth) ; Emile Moatti (fraternité d’Abraham à Jérusalem) ; Cheikha Nûr (maître spirituelle soufie,Turquie) ; Mathieu Ricard (moine tibétain et fondateur de l’œuvre humanitaire Karuna Schechen) ; René Samuel Sirat (Jérusalem, grand rabbin émérite de France) ; Jean Vanier (fondateur de l’Arche) ; Maria Voce (actuelle Présidente des Focolari, Italie) ; Mère Marie-Madeleine Caseau, osb, prieure du monastère et présidente de la Congrégation de Sainte Bathilde ; Schéhérazade Zerouala, Avocat à la Cour, Docteur d’État en Droit, Maître de Conférences Magister en Droit Pénal et Sciences Criminelles, Chargée d’Enseignement à l’Université Panthéon-Assas, Membre de l’Union Internationale des Avocats.

NB. Ce projet a reçu les encouragements du pape François.

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