Titre
Etudier en liberté les mondes méditerranéensSous titre
Mélanges offerts à Robert IlbertAuteur
Auteur collectif, sous la direction de Leyla Dakhli et Vincent LemireType
livreEditeur
Publications de la SorbonneCollection
Série internationaleNombre de pages
589Prix
39 €Date de publication
4 avril 2017Etudier en liberté les mondes méditerranéens
Il n’est pas donné à tout le monde de rassembler dans son patronyme les lettres du mot « liberté ». Robert Ilbert doit ce privilège au tragique de l’Histoire. Il aurait dû s’appeler Silberstein, comme son père, qui fuyait le nazisme. Il aurait dû naître à New York, si son géniteur, découvrant Marseille et la Méditerranée depuis les marches de la gare Saint Charles, ne s’était pas dit : « c’est trop beau, je reste ». Tant pis pour l’Amérique !
Inconsciemment, Robert Ilbert s’est construit à partir de là. Rien ne le prédisposait, lui, le fils d’Allemands ashkénazes à posséder un tel accent de Marseille, à aimer le Sud, la chaleur, le foisonnement de cultures. Mais sa vie a été un choix. Il a appris à se déconstruire pour mieux se retrouver. En homme libre, formé dès l’âge de 14 ans, par un professeur d’histoire qui le marquera pour la vie, en la personne de Philippe Joutard[1], il a bâti son itinéraire d’universitaire, mais aussi d’animateur et de bâtisseur de projets qui perdurent après lui.
Historien, spécialiste d’Alexandrie, il a formé des générations d’historiens. Universitaire rompu aux responsabilités, il a fondé la Maison méditerranéenne des Sciences de l’Homme (MMSH)[2] et l’Institut méditerranéen de recherches avancées (IMéRA)[3].
Libre et curieux, il a passé sa vie à décloisonner les disciplines. Ses émules lui en savent gré. Ce livre en est l’étonnant témoignage. Pas moins d’une soixantaine d’auteurs se sont mobilisés pour écrire sur tous les thèmes et dans tous les genres littéraires. Tout était pertinent pourvu qu’il soit question de Méditerranée, de goût de l’autre, de soif de comprendre, d’amitié (envers Robert Ilbert) et de liberté. De sorte que bien malin qui pourrait référencer ce livre dans un genre précis ! Ni universitaire, ni journalistique, ni « psy », ni technicien, ni méthodologique ni désordonné, mais le tout à la fois. Il se picore comme un mezze[4], et il fait du bien comme un livre de méditation. En même temps, il satisfait la raison, en aidant à mieux comprendre (notamment le contresens de refuser de prendre en compte le fait religieux dans l’analyse géopolitique pendant des décennies).
Tant de richesses sont contenues dans cet OLNI (objet livresque non identifié) qu’il serait dommage de le cantonner au seul registre universitaire, d’autant qu’il embrasse à peu près toutes les sciences humaines. Dès lors, comment privilégier une au détriment de toutes les autres ?
Il serait dommage aussi de ne pas l’ouvrir au lectorat le plus large, notamment aux nombreux Marseillais qui se soucient de comprendre leur environnement. Ils découvriront alors la tolérance qui présidait jusqu’à une période récente ? On se pince en lisant qu’en 1983, Gaston Defferre aurait aimé parrainer une manifestation étalée sur toute l’année, qui se serait appelée : « Marseille Islam » !
Mais, allez ! Le pire n’est jamais sûr. Le bien vivre ensemble peut revenir, à condition de comprendre l’autre. Pour cela, il faut connaître ce qui fonde son sacré. C’est une des missions de Chrétiens de la Méditerranée. C’est aussi l’un des précieux services rendus par ce livre[5].
François Le Brun
[1] Philippe Joutard : https://fr.wikipedia.org/wiki/Philippe_Joutard
[2] MMSH : http://www.mmsh.univ-aix.fr/apropos/Pages/default.aspx
[3] IMéRA : http://imera.univ-amu.fr/
[4] Qu’est-ce que le mezzé ? : http://www.sahten.org/quest-ce-que-le-mezze/
[5] Dirigé par Leyla Dakhli : http://www.laviedesidees.fr/_Dakhli-Leyla_.html et Vincent Lemire : http://acp.u-pem.fr/equipe/vincent-lemire/