Titre
Haïfa-Jénine, après le silenceAuteur
Yaël Armanet[1] ; préf. de Jean-Claude GuillebaudType
livreEditeur
Le Passeur, 5 février 2015Nombre de pages
422 p.Prix
20,90 €Date de publication
28 avril 2015Haïfa-Jénine, après le silence
31 mars 2002, Haïfa, un jeune Palestinien entre dans un restaurant bondé, déclenche une explosion assourdissante suivie d’un impressionnant silence. Après ce silence, suivi de cris, de sirènes, de hurlements, tout est à reconstruire.
Parmi les victimes se trouve Dov Chernobroda, un architecte israélien engagé dans les mouvements pacifistes, habitué à travailler pour des municipalités arabes. Sa compagne, Yaël Armanet[1], dans un dialogue avec l’au- delà dont elle nous fait témoins, retrace cette vie, les actes qui lui ont donné de la densité et du sens, les amitiés dépassant les frontières qui en ont fait la richesse.
Elle aussi se reconstruit, surmonte sa dépression. Elle rencontre des pacifistes, le Forum des familles endeuillées israéliennes et palestiniennes[2]. Elle se rappelle la phrase de son compagnon : ” La paix viendra quand les ennemis se parleront “. Elle accepte de participer au tournage d’un documentaire sur son histoire et celle de la famille du meurtrier[3]. Sept ans après l’attentat, malgré ses peurs, elle est prête pour une rencontre, un dialogue, sans accusation, sans compétition dans la douleur. Même s’il n’y a pas de pardon, il y a une vraie réconciliation.
À l’étranger, cela est jugé admirable ou désespérément naïf. Mais, sur place, ces 600 familles qui surmontent leur colère, leur désir de vengeance, et ne demandent à leur ennemi que d’entendre leur peine tandis qu’elles écoutent la sienne, dérangent. Une phrase d’un membre du Forum des familles – non contenue dans le livre – me revient : ” Politiciens, ne nous utilisez pas ; nous sommes unis ! “
Au moment où le processus de paix israélo-palestinien marque le pas, ce témoignage pudique et poignant, de lecture simple, peut redonner de l’espérance.
Claude Lhuissier-Noël
[1] Yaël Armanet est franco-israélienne et vit à Haïfa, en Israël, depuis 1976. Elle a grandi en Allemagne, puis fait des études de lettres modernes à l’Université de Strasbourg. Elle a, par la suite, dirigé une bibliothèque de recherche au Technion, l’institut israélien de technologie, à Haïfa. Aujourd’hui, elle continue le combat de son mari pour la paix : cf. entretien et vidéo dans La Croix, 31 03 2015
[3] À propos de ce film intitulé Après le silence, écrit et réalisé, en 2011, par Stéphanie Bürger et Jule Ott, sous la direction du producteur et cinéaste allemand Marcus Vetter, lire l’entretien de Yaël Armanet avec Sabine Kebir.