Titre
La démocratie ennemie de la démocratieAuteur
Pierre de CharentenayType
livreEditeur
Marseille : Publications Chemins de dialogue, 2018Nombre de pages
301 p.Prix
20€Date de publication
4 mars 2019La démocratie ennemie de la démocratie
Ce livre arrive à point nommé. A l’heure des Gilets jaunes[1], en France, et du Grand Débat national, cet ouvrage est bienvenu car il pose une réflexion sur les fondements de la démocratie et sur les dangers qui la guette. Son parti pris est clair : défendre la démocratie parlementaire, ou plutôt les démocraties parlementaires, celle des États-Unis qui protège tant bien que mal le pays des foucades de son terrible président, ou bien la démocratie française qui fait face à des tensions sociales inattendues.
Tel un squelette devant la personne humaine que le médecin décrirait partie après partie, le livre montre les dessous du système démocratique, et notre auteur[2] en décrit les fondements, le contexte, les enjeux. La lecture en est donc un peu asséchante, car très immédiate, et assez peu philosophique. Telle l’observation d’un squelette au regard d’une personne humaine. C’est pourtant l’intérêt de ce travail que de présenter ce qui soutient le corps social démocratique.
La démocratie est certes « une construction en équilibre », un système qui organise et sépare « les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire », une institution qui fait place aux « contre-pouvoirs ». Mais elle est « surtout un esprit » que chaque citoyen est appelé à partager, un esprit qui crée « communauté nationale », voire « communauté fraternelle ». Sécularisation, mondialisation, communication… ces vents violents qui fouettent nos sociétés occidentales obligent les démocraties à se redécouvrir, voire à se refonder : à l’heure des fake news ou du pouvoir technocratique il s’agit de retrouver une place pour la personne humaine et le pouvoir souverain du peuple.
Et, paradoxalement, les religions – « qui peuvent toutes à leur tour devenir un handicap démocratique majeur » ont une place à tenir dans le renouveau démocratique, si elles savent s’adapter à la « sécularisation et l’individualisation de la foi ». Car elles promeuvent « la crédibilité dans la parole », elles proposent « un réservoir de valeurs ». Nous aurions aimé que Pierre de Charentenay développe ses réflexions, trop rapides, sur les relations entre islam et démocratie, entre cultures et démocratie. Par contre l’auteur apporte une réflexion fort pertinente aujourd’hui sur l’usage du référendum en France, et de citer Georges Orwell : l’opinion publique n’est pas plus avisée de façon innée que les êtres humains ne sont aimables de façon innée.
Le livre paraît en France lorsque les ronds-points sont couleur jaune, les institutions politiques questionnées ou les vitrines commerçantes dans le viseur des casseurs. Sans bien sûr l’avoir prévu. Il faut donc profiter de cette lecture : elle s’inscrit sans le savoir dans le Grand Débat national initié par le président de la République. Un ouvrage à mettre entre les mains de l’honnête homme, l’honnête femme, qui veut préserver la devise liberté, égalité, fraternité, gravée depuis 1848 aux frontispices de nos édifices publics.
Bertrand Vergniol
[1]Les Gilets jaunes se définissent comme « Mouvement citoyen apartisan pour une démocratie d’avenir ».
[2] Pour en savoir plus sur Pierre de Charentenay, cliquer ICI