Titre

La foi comme option

Sous titre

Possibilités d'avenir du christianisme

Auteur

Hans Joas ; traduction de Jean-Marc Tétaz

Type

livre

Editeur

Salvator, 2021

Collection

Forum

Nombre de pages

251 p.

Prix

21€

Date de publication

27 décembre 2021

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La foi comme option : possibilités d’avenir du christianisme

La question de la place de la religion dans la modernité continue de se poser alors que l’évolution sociologique de notre société occidentale se poursuit.

Hans Joas, philosophe et sociologue allemand, proche de Ricœur et professeur à Berlin et à Chicago, s’affronte au défi de plus en plus complexe de repérer comment le phénomène religieux reste présent, y compris en Europe.

L’auteur part du fait que la foi religieuse est souvent considérée comme une attitude dépassée. Une apparente évidence relie modernisation et sécularisation pour mener à la disparition de la religion. Cette affirmation demande débat : c’est le premier sujet discuté dans ce livre avec d’intéressantes distinctions entre l’Europe et les Etats-Unis. De son côté, l’Afrique voit une expansion du christianisme.

Le débat sur la sécularisation mène alors à un débat sur la morale : l’affaiblissement de la pratique religieuse n’a pas apporté de déclin sur la morale, on le voit dans des pays comme la Suède ou l’Allemagne. Ce sont à l’inverse les sociétés religieuses comme l’Italie qui sont les plus corrompues ! En marchant quelque peu à reculons, l’auteur revient sur l’histoire de la sécularisation, en parlant de vagues. Le processus de sécularisation n’est pas linéaire, mais il est lié à des événements politiques où la religion a été souvent très présente dans la sphère publique. La première vague est post-révolutionnaire après 1791, la deuxième s’étale au cours des dix-neuvième et vingtième siècles dans le processus d’industrialisation, la troisième vague se développe dans les années 1969-1973.

Suivent alors plusieurs chapitres, IV à X, où l’auteur passe en revue diverses questions comme la présence d’un certain protestantisme culturel, ou comme la question de la contingence, dont l’observation mène à l’idée de différenciation fonctionnelle, des concepts comme la justice sociale ou la croissance économique prenant des valeurs différentes selon les sphères où elles s’appliquent, loin des théories comme le marxisme qui unifie la vie sociale dans une seule logique. Aucune valeur ne s’impose dans toute la société.

Le concept de contingence permet ainsi d’observer l’augmentation des options qui s’offrent à notre action. Hans Joas constate que cette multiplication des choix n’est pas forcément un danger au point de mener au relativisme, mais elle fragilise certainement la foi, comme le dit Charles Taylor, un des auteurs les plus cités dans ce livre.

Pour avancer dans sa démarche, l’auteur revient à ce que sont les religions, bien plus qu’un système de valeurs. La foi repose sur des expériences personnelles intenses. Il ne faut donc pas considérer les religions comme des édifices doctrinaux mais comme des “tentatives pour interpréter des expériences humaines”. Il faut alors se demander comment les valeurs peuvent être transmises d’une nouvelle manière, par de nouvelles expériences et non dans un catholicisme clos sur lui-même qui a perdu de vue le message de l’Évangile.

Dans son dernier chapitre, l’auteur précise les défis intellectuels adressés aujourd’hui au christianisme. D’abord, l’ethos de l’amour, à l’opposé des utilitaristes ou des légalistes. Ensuite, le défi de la personne que l’on a trop sacralisée en la réduisant à la nature, comme le fait une certaine tendance du christianisme qui oublie la liberté, les dimensions sociales et les exigences des droits de l’homme. Enfin le défi de la spiritualité, pour des contemporains qui cherchent des réponses à leur crise existentielle. Reste le défi de la transcendance, menacée par la philosophie et la culture qui ne cessent de revenir à l’immanence.

La conclusion du livre nous ramène à l’Europe maintenant sécularisée, et dans une situation très hétérogène. L’avenir de l’Europe sera multi-religieux, caractérisé par une ouverture d’esprit entre croyants et non-croyants.

Ce livre est une analyse philosophique et sociologique très profonde de la réalité du christianisme en Europe et dans le monde. Il est plein d’espoir pour une foi chrétienne qui n’a pas dit son dernier mot. La lecture en est parfois difficile, mais il vaut la peine de s’y accrocher.

Pierre de Charentenay1

Institut catholique de la Méditerranée, Marseille (ICM)

1 Note de la rédaction

Pierre de Charentenay, jésuite, est l’auteur notamment de : Face à la crise climatique.-Marseille : Publications Chemins de Dialogue, 2020 ; La démocratie ennemie de la démocratie.- Marseille : Publications Chemins de dialogue, 2018. Il a fait de nombreuses recensions pour notre site pour notre site et, notamment : L’Europe terre de mission : vivre et penser la foi dans un espace d’hospitalité messianique / Christoph Theobald.- Cerf, 2019 ; Bonjour Marseille ! / Jean-Marc Aveline.- Marseille : Publications Chemins de dialogue, déc. 2019 ; Croire, mais en quoi ? : quand Dieu ne dit plus rien /Albert Rouet.- L’Atelier, 2019

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