Titre

Le monde arabe en morceaux

Sous titre

Des printemps arabes au recul américain

Auteur

Charles Thépaut

Type

livre

Editeur

Malakoff : Armand Colin, 2020 (nouvelle éd. mise à jour)

Collection

Objectif monde

Nombre de pages

313 p.

Prix

25 €

Date de publication

5 avril 2021

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Le monde arabe en morceaux

La guerre en Syrie, en Libye ou au Yémen, les printemps arabes, le panarabisme, le conflit permanent entre Palestiniens et Israéliens, etc. Comment comprendre ces multiples crises qui traversent le monde arabe depuis des décennies ?

Tout d’abord, le monde arabe, qu’est-ce que c’est ? Le Maghreb (Algérie, Tunisie, Maroc, Mauritanie), le Machrek (Irak, Syrie, Jordanie, Liban, Palestine), l’Egypte ainsi que les pays de la péninsule arabique. On y ajoutera l’Iran, car directement impliquée dans l’histoire et l’évolution de la région. Tous ces territoires sont unis par la même religion : l’Islam.

Au XIXe siècle, face à la domination ottomane, l’éveil d’une véritable conscience arabe se concrétise par la Nahda, mouvement de renaissance culturelle, religieuse et politique1 ; au XXe siècle elle influencera deux courants unificateurs : le panarabisme et l’islamisme.

Le panarabisme, porté essentiellement par Nasser, s’abîmera dans la défaite de la guerre des Six jours2. L’islamisme ou islam politique fait de la religion l’unique source de légitimité politique ; il a fait florès depuis les années 70 et a fédéré de larges franges des sociétés arabes sans pourtant effacer les antagonismes (sunnisme/chiisme) ou les querelles territoriales (Maroc/Algérie). Et l’unité arabe n’a été, au bout du compte, motivée que par des considérations nationales.

L’indépendance des États arabes, et l’instabilité politique qui a suivie, se sont très vite traduites par l’affirmation de régimes autoritaires utilisant les services de l’État pour asseoir leur pouvoir par la surveillance et la contrainte des citoyens.

Face à l’autoritarisme arabe et son train de clientélisme et de corruption, 2011 connait les premiers soulèvements mettant en cause la gouvernance de leur pays : la Tunisie puis l’Egypte s’embrasent, suivies par la Libye, Bahreïn et le Yémen dans des configurations différentes.

La Syrie transformera le soulèvement populaire en un conflit fratricide aux implications internationales.

De ces printemps arabes, que reste-t-il ? A l’exception de la Tunisie qui a tenté d’évoluer vers une fragile démocratie, l’autoritarisme est revenu en force (militaire en Egypte, monarchique à Bahreïn) et la guerre a dévasté Syrie, Libye et Yémen.

La présence des États-Unis en Irak avait mis le pays à l’écart des printemps arabes mais avait favorisé le développement de groupes djihadistes qui aboutira en 2013 à la création de Daech qui occupera jusqu’en 2018 une partie importante de l’Irak et de la Syrie. Son expulsion nécessitera l’intervention de puissances internationales qui ensuite s’immisceront dans la gestion de la crise syrienne dans un imbroglio géopolitique souvent incompréhensible et contradictoire : triangle entre l’Iran, la Turquie et la Russie (format d’Astana)3, triangle entre le régime syrien, l’Iran et la Russie (stratégie à adopter face à l’opposition syrienne et aux Kurdes), triangle entre Iran, Israël et la Russie, etc.

Le retrait des États-Unis de la scène moyen-orientale initié par Barak Obama et poursuivi par Donald Trump ne fera qu’accentuer l’autorité des pouvoirs locaux au détriment de leur propre population. L’arrivée de Joe Biden à la Maison Blanche ne changera sans doute rien à cette nouvelle donne.

Aujourd’hui, en Algérie, au Liban, au Soudan et en Irak, des mouvements de contestation pacifiques, pour la plupart, demandent moins de régime et plus d’État, moins de corruption et plus de services publics mais surtout, comme lors des printemps arabes de 2011, le respect de la dignité humaine. Derrière ces crises politiques, se développent, en particulier dans les jeunes générations consommatrices de nouvelles technologies et surinformées, des initiatives discrètes dans les domaines culturels, artistiques ou sociétaux mais aussi technologiques et économiques avec une portée souvent politique, dessinant peut-être leur avenir.

Charles Thépaut, diplomate et chercheur, connait bien le Moyen-Orient et le Maghreb pour y avoir exercé de nombreuses années. Avec Le monde arabe en morceaux4 il propose un véritable manuel de politique arabe pour décrypter l’histoire complexe et protéiforme d’un monde qui à travers crises multiples, rivalités régionales, révolutions et aussi interventions extérieures ne cesse de nous interpeller.

Francis Labes

Notes de la rédaction

1 Cf. Article d’Anne-Laure Dupont : Nahda, la renaissance arabe, Le Monde diplomatique, août-sept. 2009

2 A lire, pour mémoire : La guerre des Six Jours (5-10 juin 1967)

3 Sur le processus de paix d’Astana, cf. article de Souhaïl Belhadj, Le Monde du 16/03/2021 (version courte).

4 Sur le monde arabe et ses fractures, on pourra se reporter aux deux recensions suivantes de Francis Labes :

Blanc, Pierre et Chagnollaud, Jean-Paul.- L’invention tragique du Moyen-Orient.- Autrement, 2017.-(Angles & reliefs).

Nabli, Béligh.- Comprendre le monde arabe.- Armand Colin, 2013.-(Comprendre le monde)

… ainsi qu’à d’autres recensions de notre site, notamment :

Ayari, Béchir et Geisser, Vincent.- Renaissances arabes : 7 questions clés sur des révolutions en marche.-Ed. de L’Atelier, 2011

Blanc, Pierre et Chagnollaud, Jean-Paul.- Moyen-Orient : idées reçues sur une région fracturée.- Le Cavalier bleu, 2019.- (Idées reçues)

Corm, Georges.- Pour une lecture profane des conflits : sur le « retour du religieux » dans les conflits contemporains du Moyen-Orient. La Découverte, 2012.-(Cahiers libres)

Corm, Georges.- La nouvelle question d’Orient.- La Découverte, 30 mars 2017.-(Cahiers libres)

Filiu, Jean-Pierre.- Les Arabes, leur destin et le nôtre : histoire d’une libération.- La Découverte, août 2015.- (Cahiers libres)

Filiu, Jean-Pierre.- Généraux, gangsters et jihadistes : histoire de la contre-révolution arabe.- La Découverte, 2018.-(Cahiers libres)

Huntzinger, Jacques.- Les printemps arabes et le religieux : la sécularisation de l’islam.- Parole et Silence, 2014.- (Perspectives & propositions ; 3)

Kepel, Gilles.- Sortir du chaos : les crises en Méditerranée et au Moyen-Orient.- Gallimard, 2018

La Messuzière, Yves Aubin de.- Monde arabe, le grand chambardement.- Plon, 2016.-(Tribune du monde)

Maalouf, Amin.- Le naufrage des civilisations : essai.- Grasset, 2019

Vient de paraître : Révolutions et contre-révolutions dans le monde arabe /Revue Confluences Méditerranée, N°115, hiver 2020-2021.- L’Harmattan, déc. 2020

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