Titre
Le salut de l’Eglise est dans sa propre conversionAuteur
Joseph DoréType
livreEditeur
Salvator, 2021Collection
ForumNombre de pages
386 p.Prix
23 €Date de publication
16 avril 2022Le salut de l’Eglise est dans sa propre conversion.
Un théologien renommé, évêque émérite, entreprend une relecture de la vie de l’Église depuis le Concile Vatican II. Bien des événements se sont déroulés depuis les années 60. La transformation de la place du christianisme dans des sociétés sécularisées pose de nombreuses questions. Celles-ci ne trouvent pas de réponses par de faux semblants comme la recherche de coupables dans l’Église ou l’évocation de situations alternatives, ou encore des tentatives d’adaptation excessive au monde moderne.
Joseph Doré invite à prendre conscience de la gravité de la situation de l’Église catholique, telle que la manifestent les abus sexuels commis par tant de prêtres ou les dysfonctionnements dans l’appareil ecclésial. Plusieurs événements interpellent l’Eglise dans cette période. En France, le “rapport Dagens” de 19971, a su prendre en compte les transformations culturelles de cette société très laïque. Des figures comme celle du Cardinal Martini ont ouvert des voies d’un nouveau dialogue avec le monde. L’élection du pape François, issue d’une claire volonté de renouveau, interpelle l’Église dans ses profondeurs.
Ce panorama très détaillé permet l’ouverture d’un chapitre clé du livre sur la nécessité d’une conversion. L’Église doit entrer dans un processus d’interrogation sur elle-même mais aussi dans un travail de discernement sur la réalité du monde. L’auteur propose différents domaines dans lesquels l’Église doit “poursuivre le nettoyage”. Il faut aller jusqu’au bout de la vérité dans l’ensemble des dossiers de pédo-criminalité, d’abord sur certains cas particuliers et plus largement dans toute l’institution. Le théologien pousse alors à entrer dans un processus de conversion pour re-choisir l’Eglise et s’orienter vers une mission renouvelée dans la pratique de certaines vertus essentielles de disponibilité, de vigilance et de courage. Il s’agit bien de se convertir résolument à la mission, et de revenir au cœur de la foi sous le signe de l’amour.
Pour assurer la priorité de la mission, l’ancien évêque propose deux chantiers fondamentaux : d’abord celui de la foi. Il importe de véritablement penser la foi, et notamment les questions essentielles sur Dieu, le salut et Jésus. Ce contenu, détaillé dans le Credo, sera transmis par la parole et par le témoignage. La foi, vivante à travers l’Église, devra toujours s’actualiser, ce que font les théologiens contemporains. Il reviendra ensuite à chaque croyant d’adhérer à la figure du Nazaréen.
Le deuxième chantier de la mission est celui de la charité chrétienne. L’Évangile nous inspire cette démarche qui nous oriente toujours vers les plus démunis. Le champ de la conversion est ici immense à la fois pour chaque personne comme pour l’institution ecclésiale dans sa globalité.
Pour poursuivre la réflexion, le théologien traite des conditions et des lieux de la mission, d’abord la singularité de la personne humaine qui doit se décider dans l’action avec des repères moraux ; ensuite le vaste domaine de tout ce qui concerne l’économie, la politique ou la culture ; enfin le champ immense des autres religions qui invite à s’interroger de manière renouvelée sur nos relations avec elles et sur notre manière de vivre la diversité des croyances.
Le dernier chapitre considère l’institution Église et les moyens de sa réforme : il insiste sur le rôle des communautés que Jésus est venu fonder mais qui peuvent être l’objet de graves dérives ; il approfondit le débat sur les ministères en abordant les questions disputées de la place des femmes et du célibat des prêtres ; enfin, il propose une longue réflexion sur la synodalité, point d’insistance du pape François, qui peut être l’occasion d’un profond renouvellement de l’organisation ecclésiale, dans la suite du concile Vatican II.
Ce parcours est considérable, très lisible, très vaste et pourtant précis dans ses insistances. Il est souvent parsemé de notes autobiographiques reliant la réflexion à la vie du théologien de l’Institut catholique de Paris et de l’évêque de Strasbourg, aujourd’hui dans une retraite active.
Pierre de Charentenay
Institut catholique de la Méditerranée, Marseille (ICM)
Note de la rédaction
1 Le rapport rédigé par Claude Dagens, alors évêque d’Angoulême, fut présenté, en novembre 1996, à l’Assemblée plénière des évêques de France qui l’ont intitulé :
Proposer la foi dans la société actuelle. III Lettre aux catholiques de France : rapport adopté par l’Assemblée plénière des évêques de France / Claude Dagens.-Cerf, 1997.-(Documents des Eglises)