Martyrs par amour en Perse : Mgr Sontag et ses compagnons

A l’occasion de la cause en béatification de Mgr Sontag et de ses trois compagnons, le Pr. Joseph Yacoub¹ a présidé la Commission laïque de béatification de ces quatre religieux². Ce livre permet ainsi de rappeler le rôle de la Congrégation de Saint Vincent de Paul dans le soutien des chrétiens d’Iran, et les massacres que cette communauté a subis de 1915 à 1918 dans la province iranienne de l’Azerbaïdjan.

L’Eglise apostolique d’Orient fut florissante en Perse jusqu’au XIIIe siècle. Malgré les persécutions qu’elle subit de la part des Empereurs sassanides, elle s’étendra jusqu’en Chine sous les Abbassides, puis les Mongols forceront ses fidèles appelés Assyriens, à se réfugier dans le Kurdistan. A partir du XVIIe siècle, une partie d’entre eux deviendront catholiques sous le nom de Chaldéens.³

En 1906, l’Iran subit une révolution constitutionnaliste dirigée contre la dynastie Qajar. En fin 1914, les Russes pénètrent en Iran mais repartent en janvier 1915, laissant les non-musulmans à la merci des Turcs et des Kurdes qui envahissent la province d’Ourmia et massacrent de nombreux chrétiens. En mai 1915, les Russes reviennent mais évacuent la région en décembre 1917. Les Assyro-Chaldéens se défendront alors seuls, soutenus en partie par les Britanniques de février à juillet 1918 avant d’être anéantis. 30 000 d’entre eux se réfugieront en Irak occupé par les Britanniques.

La présence des Lazaristes et des Filles de la Charité, en Perse, débute dans les années 1840 dans le Nord-Ouest de l’Iran. Ils ouvriront des écoles de garçons et de filles, des dispensaires, des orphelinats. Mgr Jacques Emile Sontag, alsacien de naissance en 1869, puis allemand en 1870, étudie en France dans une école de la Congrégation, devient lazariste en 1887, prêtre en 1895 et est nommé en Perse à Ourmia comme enseignant. En 1896, il dirige la Mission de Téhéran. Il y ouvre le Lycée Saint-Louis où, sur 200 élèves, 150 sont musulmans. En 1910, Mgr Sontag devient archevêque latin d’Isfahan⁴. Résidant à Ourmia il forme le clergé catholique iranien. L’Etat français lui rend la nationalité française et pour sa courageuse attitude durant l’occupation turque, le décore de la Croix de Guerre. Le 31 juillet 1918, il est assassiné par des Persans alors qu’il défendait des réfugiés chrétiens et musulmans au siège de l’épiscopat.

Le Père Mathurin L’Hotellier (né à Trégueux, en 1883), prêtre lazariste, sert à la Mission de Tabriz puis à Khosrava, où il est assassiné en juin 1918 en même temps que le Père François Miraziz (né à Khosrava, en 1878), lazariste, qui avait servi dans les missions d’Ourmia puis de Khosrava. Le Père Nathanaël Dinkha (né à Khosrava, en 1846), prêtre lazariste, aura servi dans les missions de Syrie, de Constantinople, de Macédoine, de Madagascar avant de revenir à Khosrova, où il est assassiné en juillet 1918 avec Mgr. Sontag.

Ce livre, résultat d’enquêtes menées pendant dix ans, fait connaître la situation de l’Iran et les massacres de chrétiens similaires à ceux de Turquie durant la première guerre mondiale. Il rappelle les vies sacrifiées de quatre Lazaristes, deux Français et deux Iraniens par amour envers leurs coreligionnaires mais aussi envers toutes les populations de l’Azerbaïdjan persan.⁵ Ces témoignages ont conduit l’Archidiocèse de Paris à ouvrir la cause de leur béatification.

Christian Lochon

Administrateur de CDM