Titre
Ne nous laissez pas disparaîtreSous titre
Un cri au service de la paixAuteur
Grégoire III Laham ; entretiens avec Charlotte d’OrnellasType
livreEditeur
Perpignan : Artège, 04/11/2016Nombre de pages
128Prix
12,90 €Date de publication
6 septembre 2018Ne nous laissez pas disparaître
La franchise m‘oblige à avouer, que si je n’avais pas eu l’opportunité de passer deux semaines, en août 2016, au Patriarcat grec-catholique melkite de Damas en la compagnie du patriarche Grégoire III Laham, je n’aurais jamais ouvert ce livre d’entretiens.
Mais Grégoire III Laham, né en 1933, à Deraya, près de Damas en Syrie, est un personnage qui ne laisse pas indifférent. Son parcours, ses combats, ses émotions qu’il confie à la journaliste Charlotte d’Ornellas sont dignes d’un récit biblique, et il est regrettable, que ce court texte de 130 pages, accessible à un large public, ne restitue pas toute la force et l’énergie de Grégoire, orphelin dès l’enfance, et son extraordinaire parcours, qui l’a mené en 2000 à devenir le chef suprême de son Eglise. Les mots sont trop neutres, le ton trop distant, pour faire revivre réellement ce personnage, sa vocation précoce, ses études au Liban, puis à Rome, ses vingt-six années passées à Jérusalem, où il défend la cause palestinienne[1]. Son lien étroit avec l’Allemagne de l’après-guerre, où il séjourne souvent. Sa redoutable vivacité d’esprit, sa puissance de travail. Sa maitrise des langues (arabe, français, anglais, allemand, italien). Ses engagements pour l’arabité et la présence chrétienne dans l’Orient arabe : une vie hors du commun.
Ses détracteurs, nombreux dans les dernières années de son Patriarcat, lui reprochent sa mauvaise gestion des hommes et des finances, son autoritarisme, son manque d’écoute. Certains stigmatisent, non sans raison, ses liens avec le régime syrien de la famille Assad, d’autres ses propos (lire p.117) contre ce qu’il appelle « l’obsession de l’égalité, condamnant « ces Français qui passent leur temps à tout voir par le prisme de l’égalité, et qui de ce fait sont dans le mensonge ». La manière brutale et souvent injuste avec laquelle il marginalisait ses opposants, lui ont valu des inimitiés tenaces. Mis en minorité par ses évêques lors d’un synode de son église, il est poussé à présenter sa démission au pape François au printemps 2017[2].
Il faudrait écrire la suite de ce livre pour raconter l’incroyable « fin de règne » de Grégoire III Laham, et restituer vraiment toute la dimension de l’homme, démesurée et mouvementée mais tellement riche, à l’image de l’histoire des églises orientales[3].
Luc Balbont
[1] En mai 2017, Grégoire III Laham rallie le mouvement de grève de la faim des détenus palestiniens
[2] Le 6 mai 2017, le pape François a accepté la démission du patriarche Grégoire III Laham.
Le 21 juin 2017, le Synode de l’Eglise grecque melkite a élu son nouveau patriarche.
[3] En mai 2014, Grégoire III Laham souhaitait que « Que les Eglises plaident à l’unisson pour la paix ».