Titre

Nos larmes ont la même couleur

Sous titre

Témoignages recueillis par Anne Guion

Auteur

Robi Damelin (israélienne) et Bushra Awad (palestinienne)

Type

livre

Editeur

Le Cherche-midi, 8 octobre 2015

Collection

Pour un monde meilleur

Nombre de pages

157 p.

Prix

14,80 €

Date de publication

9 novembre 2015

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Nos larmes ont la même couleur

Dans le conflit israélo-palestinien qui dure depuis des dizaines d’années sans la moindre perspective de paix, deux mères qui ont perdu un fils témoignent ensemble pour la paix.

Robi, mère juive d’un jeune officier réserviste abattu sur un check-point de Cisjordanie, et Bushra, mère d’un adolescent palestinien victime des représailles d’un soldat israélien, avaient toutes les raisons de se haïr. Mais c’est l’empathie et le dialogue qui l’ont emporté et qui les ont réunies. Elles ont dépassé leur désir de vengeance pour entrer dans une démarche de réconciliation et de paix entre elles.

Anne Guion[1] raconte magnifiquement dans ce livre le cheminement de l’une vers l’autre, mais aussi leurs actions au sein de l’association israélo-palestinienne Cercle des Parents-Forum des Familles (PCFF) qui rassemble plus de six cents familles ayant perdu un proche dans le conflit. Créée en 1995 à l’initiative d’un homme d’affaires juif orthodoxe de Tel Aviv et d’un  garagiste de Jérusalem, l’association organise des activités culturelles, des rencontres permettant à chacun  de faire le récit de sa propre histoire, des conférences…etc., pour encourager à la réconciliation et au dialogue.

Anne Guion nous fait découvrir l’hôtel Everest, surprenant lieu de la petite ville de Beit Jala à côté de Bethléem, situé dans une zone accessible aux Israéliens et aux Palestiniens sans permission préalable. C’est dans ce lieu que le Cercle des Parents organise de nombreuses rencontres et où se nouent des réconciliations.

La force du livre est d’avoir recueilli les témoignages émouvants de ces deux mères, sans éluder la complexité d’un conflit asymétrique qui n’est pas seulement militaire.

Nous découvrons en effet, au fil des pages, que Palestiniens et Israéliens n’ont ni la même possibilité de circuler, ni le même niveau de vie, ni le même vécu du conflit, ni les mêmes perspectives d’avenir, ni les mêmes appuis internationaux, ni les mêmes possibilités culturelles, ni les mêmes souffrances. Un exemple : le taux de chômage est de 26 % en Cisjordanie, de 45% dans la bande de Gaza et de seulement 5,3 % en Israël. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Mais l’objectif du Cercle des Parents est aussi d’amener chaque camp à « prendre conscience du prix de la paix et de ce qu’il va falloir abandonner. » Par exemple, « le démantèlement d’un certain  nombre de colonies » ou « le retour des réfugiés de 1948. » Robi et Bushra ont d’ailleurs dénoncé l’implantation des colonies en Cisjordanie au cours de leurs conférences à Paris, en octobre 2015.

Elles sont formelles : le désir de vengeance ne fera pas avancer la paix si attendue. Pour les deux amies, il s’agit au contraire d’emmener les deux sociétés civiles sur le chemin du dialogue et d’avancer vers la paix par la justice et la réconciliation. Dans un contexte toujours difficile, voici un livre d’espoir qui est en même temps un appel à agir.

Patrick Gérault

 


[1] Journaliste à l’hebdomadaire La Vie depuis une quinzaine d’années, Anne Guion travaille comme reporter au plan international. Elle y suit notamment l’actualité en Afrique et en Israël-Palestine où elle se rend régulièrement. C’est lors de l’un de ses reportages qu’elle a découvert l’association du Cercle des parents-Forum des familles.