Titre

Palestine

Sous titre

Mémoires de 1948-Jérusalem 2018

Auteur

Chris Conti ; photographies d’Altair Alcântara ; préface de Rony Brauman

Type

livre

Editeur

Londres : Hesperus Press, 2019

Nombre de pages

195 p.

Prix

28 €

Date de publication

18 septembre 2020

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Palestine, Mémoires de 1948 – Jérusalem 2018

Ce livre rassemble : témoignages vivants – à l’exception d’un seul – photographies anciennes, cartes et sources historiques, bibliographie, ainsi qu’un grand nombre de photographies récentes de la Jérusalem de 2018. Jérusalem qui reste dans la mémoire des anciens et qui est présente dans le cœur des jeunes Palestiniens parce que chargée d’une empreinte émotionnelle et symbolique qui ne s’efface pas.

Après une préface de Rony Brauman, ancien président de Médecins sans frontières (de 1982 à 1994), la lecture des 18 témoignages nous saisit par la densité humaine de ces récits de vie. Ces vies extraordinaires, je devrais les citer toutes, sans oublier un seul nom de ces témoins de la grande histoire qui représentent toutes « les mémoires de 1948 » parmi les plus de 700 000 Palestiniens déplacés ou réfugiés au cours de l’année 1948. Palestiniens fuyant les attaques des groupes « Stern », de l’Irgoun, de la Haganah… de l’armée israélienne1. C’est cette période que l’on nomme « la Nakba », la catastrophe qui est rendue vivante dans ces témoignages.

Ces témoignages d’une grande dignité méritent notre respect. La mémoire de 1948 appelle ce peuple palestinien à construire un avenir, elle exige que le droit international s’applique et que les droits fondamentaux des Palestiniens ne leur soient plus déniés.

18 femmes et hommes, 18 récits de vie différents mais qui disent tous la perte des terres, l’exil pour certains d’entre eux, le manque du pays, et l’espoir du retour. 18 témoignages où il est question de résilience, de volonté de vivre et d’espérer malgré les drames traversés.

Comme le dit Samah Jabr, psychiatre et psychothérapeute palestinienne, dans un excellent livre paru en 2018, Derrière les fronts2 : « J’ai trouvé un exutoire à cette douleur en exprimant par l’écriture et la parole, mes idées et mes sentiments… Le mot arabe pour martyr est chahid. Il n’est pas nécessaire d’être tué pour être un chahid : le mot signifie littéralement, celui qui témoigne avec honnêteté et courage, et en paie le prix ».

Alors, même si dans le cadre de cette recension je ne peux citer chacun de ces 18 témoignages, que toutes et tous ces « chahids » soient ici remerciés pour leurs témoignages bouleversants, leur humanité. Ils ont su trouver les mots pour dire leurs souffrances, leur douleur, leur espoir de retour : elles, ils sont journalistes, écrivains, agriculteurs, avocats, instituteurs, professeurs, femmes au foyer. Ils viennent de Naplouse, de Jérusalem, de villages massacrés, de Nazareth, de Ramallah… Ils sont Palestiniens de Cisjordanie, réfugiés, Palestiniens israéliens… Mais toutes et tous racontent la même histoire : la dépossession de leur terre, l’exil, et leur « al Sumud », mot arabe pour dire la résilience et la résistance.

Pour ne pas oublier ces 18 réfugiés palestiniens, dans leur propre pays ou dans d’autres pays, dans des camps de réfugiés ou ailleurs, il faut lire le livre de Chris Conti, illustré par les photos d’Altair Alcântara. N’oublions pas l’histoire de ces Palestiniens de 1948 et de 1967, de la Nakba et de la Naksa3. Rappelons-nous que la résolution 194 sur le droit au retour des réfugiés palestiniens a été adoptée à l’ONU, le 11 décembre 19484. Depuis, la clef de leur maison qu’ils ont emportée avec eux n’a toujours pas pu en ouvrir la porte. Ils la gardent comme symbole de leur exil. Rappelons-nous aussi la résolution 32365 adoptée par l’Assemblée générale de l’ONU le 22 novembre 1974 : « L’assemblée générale des Nations Unies, ayant examiné la question de Palestine […] réaffirme également le droit inaliénable des Palestiniens de retourner dans leurs foyers et vers leurs biens, d’où ils ont été déplacés et déracinés, et demande leur retour. »

Comment finir cette recension ? Par un texte de Mahmoud Darwich (1941-2008), poète palestinien :

« Nous souffrons d’un mal incurable qui s’appelle l’espoir. Espoir de libération et d’indépendance. Espoir d’une vie normale où nous ne serons ni héros, ni victimes. Espoir de voir nos enfants aller sans danger à l’école. Espoir pour une femme enceinte de donner naissance à un bébé vivant, dans un hôpital, et pas à un enfant mort devant un poste de contrôle militaire. Espoir que nos poètes verront la beauté de la couleur rouge dans les roses plutôt que dans le sang. Espoir que cette terre retrouvera son nom original : terre d’amour et de paix.

Merci pour porter avec nous le fardeau de cet espoir. »

Marilyn Pacouret

N.B. Sources :

* 800.000 Palestiniens furent expulsés de leurs terres par les forces armées et les milices juives de novembre 1947 à mai 1948.

* 531 villages palestiniens furent détruits pendant cette période.

Cf. Plateforme des ONG pour la Palestine  : Palestine/ Israël-commémoration de la Nakba

Cf. Livre : Le nettoyage ethnique de la Palestine / Ilan Pappé.-Fayard, 2008.- (Documents, témoignages)

Cf. UNESCO : liste du patrimoine mondial : Palestine : terre des oliviers et des vignesPaysage culturel du sud de Jérusalem, Battir.

Notes de la rédaction

1 Cf. Les premières milices d’Israël : La Haganah, l’Irgoun et le Lehi

4 Droit au retour des réfugiés Palestiniens, Résolution 194 adoptée par l’AG de l’ONU, le 11/12/1948

5 Question de Palestine, Résolution 3236 adoptée par l’AG de l’ONU, le 22/11/1974