“Offrir un aperçu complet sur ce qu’est l’être humain selon la Bible” : telle était la demande faite par le pape François à la Commission biblique pontificale¹. Les exégètes de renom qui la composent sont régulièrement chargés de présenter, à la lumière des avancées de la recherche biblique, les fondements scripturaires de la théologie catholique. Ainsi, après la publication, en 2009, de Bible et Morale : quels critères pour discerner ?² , celle de ce récent document intitulé “Qu’est-ce que l’homme ?” : un itinéraire d’anthropologie biblique honore, de manière magistrale, ce nouveau cahier des charges. Il s’agit là d’une importante contribution sur un sujet majeur.

Remarquable par la richesse de la documentation rassemblée, cet ouvrage l’est tout autant par le choix méthodologique de ses auteurs de présenter le fruit de leurs travaux sous la forme d’un “itinéraire” proposé au lecteur pour lui faire parcourir, dans leur diversité et dans leurs modalités littéraires, l’ensemble des livres bibliques : “La Bible est en premier lieu un récit de l’histoire de Dieu avec les hommes … L’Écriture ne doit donc pas être considérée comme un répertoire d’affirmations dogmatiques (sur Dieu et sur l’homme) mais comme le témoignage d’une Révélation dans l’histoire” (p. 16).

Or, de manière symbolique, tout le déploiement de cette histoire se “condense” dans les deux récits de création, en Genèse, 1-3. C’est donc à partir d’eux et en fonction de leur déroulement que sont explorées les relations fondamentales qui définissent l’être humain non seulement comme individu singulier, mais aussi dans son rapport aux autres et à l’ensemble de la Création.

Les deux premiers chapitres montrent comment se prolonge, repris dans l’ensemble de la Bible (le courant sapientiel en particulier, mais aussi les Psaumes, la tradition prophétique et le Nouveau Testament), ce qui est révélé en Genèse 2 sur l’origine, la nature et la condition de l’homme. Créé par Dieu, à la fois poussière et souffle divin, l’homme est marqué par la finitude tout en étant appelé à vivre une relation privilégiée et unique avec celui qui l’a voulu “à son image et à sa ressemblance”. Puis, Dieu lui fait don d’un “jardin” spécialement “planté” pour lui, et de toutes les ressources de la terre, nécessaires et utiles à la vie. Chargé de “dominer” la terre, à travers la connaissance et la parole, il a la responsabilité de veiller à l’épanouissement de la vie.

Un troisième chapitre développe longuement (de Genèse 2 au Cantique des Cantiques) tout ce qui touche à la “famille humaine” et à la relation d’amour qui se vit entre époux, parents, enfants, “dans la solidarité, le service et le pardon qui consolident les relations fraternelles” (p. 314).

Le dernier chapitre rappelle que l’homme est un être historique qui, au nom de l’autonomie qui lui appartient, peut obéir ou non à la loi de Dieu. De sa liberté de choix dépendent les décisions concrètes qu’il prend, au fil de l’histoire. Ainsi, depuis Genèse 3,1-7, obéissance et transgression vont de pair dans l’histoire humaine qui reste, cependant, marquée par la fidélité indéfectible et la miséricorde de Dieu.

La conclusion du livre est une invitation faite au lecteur d’entrer résolument – sans crainte de l’effort, mais sans pour autant prétendre tout comprendre –, dans la complexité de tout ce que la Bible nous révèle du mystère de l’homme. En effet, “réduire le message biblique sur l’anthropologie à quelques formulations serait indigne de l’homme et de Dieu lui-même”, car, “devant nous restera toujours la demande : Qu’est-ce que l’homme ?” Et avec le Siracide, nous sommes appelés à reconnaître que ce mystère, “le premier homme n’a jamais fini de le connaître, tout comme le dernier n’en touchera jamais le fond (Si 24,28)” p. 425-426.

Odile Flichy³

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