Recension

Titre

Sagesse biblique, sagesse politique

Auteur

Paul Valadier

Type

livre

Editeur

Salvator, août 2015

Nombre de pages

185p

Prix

20 €

Date de publication

2 mars 2017

Sagesse biblique, sagesse politique

Paul Valadier, s.j. est professeur émérite aux facultés jésuites de Paris (Centre Sèvres). Il est docteur en théologie et docteur d’État en philosophie, auteur d’une thèse sur Nietzsche dirigée par Paul Ricœur et publiée en 1974 aux Editions du Cerf. Sa bibliographie comporte plus d’une trentaine d’ouvrages[1]. Ses domaines de prédilection sont la philosophie politique, la modernité et l’évolution de la société.

Son ouvrage Sagesse biblique, sagesse politique, s’intéresse aux fondements de la réflexion morale et politique. L’auteur a la conviction que la force de l’intelligence occidentale vient de la tension entre l’héritage grec, l’héritage romain et l’héritage judéo-chrétien : « l’épuisement de la pensée européenne ne peut être dépassé que si l’on dépasse une ignorance réciproque et surtout si l’on s’émancipe de ce mépris qui appauvrit l’une et l’autre lignée d’une culture commune. » (p. 39)

Il n’a pas l’ambition d’écrire un traité de philosophie politique mais d’aborder quelques traits caractéristiques du pouvoir (ou autorité ?) et de son exercice.

L’histoire compliquée des relations entre le peuple juif et la royauté – qui incarne le pouvoir – montre qu’il faut se poser la question de l’origine du pouvoir – qui t’a fait roi ? – et la question de la fidélité dans l’exercice du pouvoir. A la première question, la réponse constante – depuis le songe de Salomon jusqu’à la réponse de Jésus à Pilate – est que tout pouvoir vient de Dieu, ce qui veut dire que l’on exerce toujours le pouvoir par délégation ; la réponse à la deuxième question ouvre sur les tentations que rencontre tout détenteur de pouvoir.

La question de l’origine du pouvoir (capacité d’élaborer des lois et de les faire appliquer) se décline en deux interrogations : la hiérarchie entre détenteurs des pouvoirs, historiquement marquée par les conflits entre l’empereur et la papauté et la hiérarchie des normes avec la distinction entre loi civile et loi religieuse. La réflexion en ces domaines dispose de trois bornes repères : « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu. » (Mc 12.17), « Soyez soumis aux autorités qui exercent le pouvoir » (Rm 13. 1 sv) et « Il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes. » (Actes 5.29).

Ces trois injonctions dessinent un espace où s’exerce un discernement intelligent. « Un chrétien, mais tel est le cas de tout citoyen croyant ou non, peut et doit obéir à toute autorité dans la mesure où elle remplit son rôle qui est d’assurer, de garantir, de faire croître le bien commun… et c’est son devoir d’exercer une vigilance critique. » (p. 112)

Au total, « Dieu est l’origine de toute autorité mais aucune autorité n’est divine à proprement parler. » (p. 106), et cette référence à un Autre justifie l’exercice de notre discernement : une invitation qui vient à point en ces temps de turbulences électorales[2].  Dans un monde où s’observe une progression liée du bien et du mal (p. 164), toute décision se prend dans l’incertitude et constitue toujours un pari sur l’avenir.

Yves Dupuy

[1] Voir sa bibliographie complète sur le site du Centre Sèvres : http://www.centresevres.com/enseignant/valadier-paul/

[2] Paul Valadier était l’invité de Christophe Henning, sur RCF, dans l’émission En toutes lettres, à propos de la question : Comment la Bible peut éclairer le politique : https://rcf.fr/culture/philosophie/paul-valadier-comment-la-bible-peut-eclairer-le-politique (durée : 25 mn).