Titre
Sur les traces du pèreSous titre
Questions à l’officier tué en AlgérieAuteur
Jean-Claude Escaffit ; préface de Yasmina KhadraType
livreEditeur
Paris : Salvator, 2014Nombre de pages
155Prix
18 €Date de publication
13 octobre 2018Sur les traces du père
Un fils sur les traces de son père tué en Algérie. Le témoignage et les questions. Il peut arriver, dans nos lectures, que l’actualité du monde d’un côté, son histoire de l’autre, se télescopent sur un même sujet d’importance. Je l’ai vérifié moi-même le 13 septembre dernier quand le Président de la République a reconnu officiellement, la responsabilité de l’Etat dans la mort de Maurice Audin, torturé et tué en Algérie en 1957[1]. Et quand, le même jour, je m’apprêtais à expliquer à nos lecteurs pourquoi il convient de porter le plus grand intérêt possible au livre de Jean-Claude Escaffit Sur les traces du père : questions à l’officier tué en Algérie. Un récit totalement articulé sur le pourquoi et le comment de la mort, à 38 ans, le 3 octobre 1959, vers 8h30, en Algérie, du capitaine Jean-Marie Escaffit, Chevalier de la Légion d’honneur.
Cette surprenante coïncidence de lieu (l’Algérie) et d’événement à forte résonance (la France) est d’autant plus intéressante que le « geste historique d’Emmanuel Macron » comme le qualifie Le Monde, trouve son explication et sa justification dans le livre-récit de Jean-Claude Escaffit qui fut journaliste successivement à La Croix puis à La Vie. Actualité et histoire s’y côtoient page après page, racontées l’une et l’autre avec précision, expliquées, l’une et l’autre, avec clarté et très souvent enrichies d’une forte émotion.
On l’aura deviné à la lecture du titre : l’originalité et la richesse de ce livre émouvant résident dans le fait qu’il est d’abord un témoignage et que ce témoignage s’inscrit complètement, explications à l’appui, dans l’histoire de la France et celle de l’Algérie, douloureuses l’une et l’autre, et dans leur actualité de terres méditerranéennes. L’une et l’autre !
L’illustration des lignes précédentes tient dans ce qu’écrit très justement dans sa préface Yasmina Khadra : « L’auteur, dit-il, n’oublie jamais que son livre n’est jamais une enquête mais la quête d’un apaisement ». L’apaisement qui grandira, de son extrême jeunesse à l’âge adulte, avec l’incessant besoin de savoir comment a vécu et est mort son « père bien-aimé ». Le lecteur va donc, d’émotion en émotion, découvrir la vie de la famille Escaffit, une vie riche de sens et douloureuse à la fois, jusqu’à ce que le fils lui-même, arrivant à l’âge de la retraite, entreprenne, avec sa famille, un voyage en Algérie sur les traces de son père. Chemin bordé de larmes, de révélations bouleversantes, mais aussi balisé par une étonnante chaîne algérienne de solidarité. Chaîne qui permettra aux membres de la famille de rencontrer le témoin direct de l’attentat qui a coûté la vie à leur père et qui leur avouera : « Votre père était trop brave, il en est mort ».
Le 28 octobre 2013, Jean-Claude Escaffit, ses frères et belles-sœurs embarquent donc à Marseille pour Alger. Ils entament un périple qui sera rempli de découvertes géographiques les plus variées et nourri de rencontres inoubliables avec des Algériens à leur côté pour les accompagner d’une mechta à l’autre, d’un lieu dangereux à un autre, avec les interrogations multiples qui s’accumulent. Moments très forts d’une fraternité qui les marquera à jamais mais aussi, hélas, moments d’émotions éprouvantes. Et surtout, de révolte intérieure et d’immense tristesse quand la torture – pratiquée par les deux parties en guerre – leur sera confirmée et décrite dans toute son horreur. Ils ont tout compris, hélas ! Mais ils ne se tairont pas ! Au contraire, ce sera l’occasion pour le premier de cordée, Jean-Claude Escaffit lui-même, de consacrer de nombreuses pages, remarquables pour leur qualité informative et pour les témoignages de victimes, à un sujet qui divise toujours les Français. Des pages qu’on ne peut qu’encourager à lire.
Le vrai mérite du livre de Jean-Claude Escaffit[2] est de nous faire entrer dans une partie importante de l’histoire de notre pays de manière très accessible (le récit) avec, en même temps beaucoup d’humanité sous-jacente et de pédagogie, mettant en scène la France d’hier et l’Algérie d’aujourd’hui, en quête, l’une et l’autre, d’une fraternité retrouvée. Un ouvrage plus que jamais d’actualité et utile pour dissiper les passions[3].
Jean-Claude Petit
Président d’honneur de Chrétiens de la Méditerranée
[1] Le Monde du 14/09/2018, p. 7-9, 20, La Croix du 14/09/2018 : Maurice Audin, un geste pour l’histoire et la-croix.com du 15/02/2018
[2] Jean-Claude Escaffit est Journaliste et Directeur de la communication du diocèse d’Aix-en-Provence et Arles. Il a été précédemment :
– Journaliste à l’hebdomadaire La Vie (groupe Le Monde), de 1980 à 2010.
– Journaliste à La Croix 1974-1980 (Information religieuse).
– Depuis 1976, journaliste pigiste de télévision.
Auteur de :
– Histoire de Taizé.- Seuil, 2008 et rééd. 2016, avec Moïz Rasiwala.
– Question de liberté, les coulisses de la bataille scolaire.- DDB, 1986, avec Pierre Daniel.
Pour en savoir plus sur lui, bienvenue sur le blog de Jean-Claude Escaffit !