Titre
Un simple bout de ficelleSous titre
Journal d’un franciscain au MarocAuteur
fr. Joël Colombel ; propos recueillis par frère Stéphane Delavelle ; préface de Mgr Jean-Marc AvelineType
livreEditeur
Marseille : Publications Chemins de dialogue, mai 2019Nombre de pages
203 p.Prix
13 €Date de publication
3 novembre 2019Un simple bout de ficelle. Journal d’un franciscain au Maroc
Ce livre est le récit de la vie d’un prêtre franciscain, Breton d’origine, vivant au Maroc depuis 1949 : 70 ans racontés au Frère Stéphane Delavelle[1], qui l’interroge. Le titre de ce livre se rapporte à une anecdote, la réparation d’une 2 C. V., mais il est trompeur. Certes, comme chacun, le Frère Joël a vécu quelques petites « aventures » comme la panne de sa voiture, mais ce n’est pas du tout l’objet de ce qu’il raconte.
En fait, en huit chapitres et une conclusion, il donne à comprendre le secret de son ministère au Maroc. De la Bretagne au Maroc ; le Maroc dans la première moitié des années 1950 ; 1950-1960, les années de formation ; 1961-1970, les années de pastorale ; 1970-1976, au service des frères du Maroc ; 1975-1990, curé de Marrakech ; 1990-2015, au cœur de la Médina de Meknès ; 2015-2017, Tanger : la progression vers la simplicité, vers l’idéal franciscain est évidente. La pauvreté matérielle est en fond de tableau mais, ce qui frappe, c’est la montée vers une pauvreté spirituelle. Au cœur d’un pays musulman, être amoureux du Christ et rien d’autre. Se laisser travailler par des paroles lancées au hasard des jours : « Les prêtres, c’est fait pour les chrétiens ou c’est fait pour tout le monde ? » (p. 98). Devenir comme François d’Assise, « qui n’a rien à lui et qui, de ce fait, a tout à lui » (p. 168). « Avec le don de la pauvreté, il devenait le plus riche du monde » (p. 191). Et, au détour de la page, on a l’impression d’entendre le Frère Joël soupirer : « Si nous pouvions nous aider à être plus attentifs à cette pauvreté, en nous rappelant qu’il s’agit d’un grand cadeau. Que nous puissions même nous efforcer de la vivre matériellement ».
Et le rapport avec l’islam ? La préface de Monseigneur Aveline fait une brillante analyse de la vie du Frère Joël à partir de la pensée du Concile[2] et des Papes depuis soixante ans… mais le Frère Joël résume ce qu’il a cherché : être au Maroc non pas comme quelqu’un qui a quelque chose à donner mais comme quelqu’un qui est reçu… et être là, présent au monde musulman, et poursuivant, citant Mehdi Ben Barka[3] parlant à des Franciscains en France de l’avenir du dialogue islamo-chrétien :
« Afin qu’un dialogue fructueux pour nous tous puisse s’établir un jour dans la confiance, il faut faire à peu près, mais en mieux, ce que vos Frères ont fait au Maroc. C’est-à-dire vivre au milieu de nous en pourvoyant petitement à votre subsistance et cela pendant quelques siècles, accepter de souffrir et de mourir, peut-être même de mort violente, jusqu’au jour où nous, qui sommes croyants aussi, nous vous demanderons : “Au nom de qui, frères, vivez-vous de la sorte parmi nous ?” » (p. 192-193).
Pauvreté et richesse de l’espérance ! Avec l’espérance, « tout devient une occasion de comprendre le projet de Dieu, tout devient notre livre. » (p. 185). L’ouvrage du Frère Colombel est tout simple : il apprend à lire.
† Michel Dubost
Évêque émérite d’Évry – Corbeil-Essonnes
Directeur National des Œuvres Pontificales Missionnaires
Administrateur apostolique du diocèse de Lyon
[1] Auteur du livre : Franciscains au Maroc : huit siècles de rencontres.- Publications Chemins de dialogue, 2019
[2] Cf. Déclaration sur Les relations de l’Église avec les religions non chrétiennes (Nostra aetate), promulguée par le Concile Vatican II, le 28/10/1965, et qu’on pourra lire dans son intégralité en cliquant ICI.
[3] Medhi Ben Barka (1920-1965) : Cf. émission France Culture du 30/10/2015 : 50 ans après sa disparition, le mystère Ben Barka