Titre

Vaincre nos peurs et tendre la main

Sous titre

Mobilisons-nous pour les exclus !

Auteur

Guillaume Le Blanc

Type

livre

Editeur

Flammarion, 2018

Nombre de pages

103 p.

Prix

8 €

Date de publication

13 janvier 2019

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Vaincre nos peurs et tendre la main

Ce livre a été rédigé dans le cadre des débats, et des mobilisations associatives, qui ont accompagné la loi du 10 septembre 2018 réformant le droit d’asile (dite loi Collomb), par Guillaume Le Blanc[1] en lien avec 3 ONG engagées dans l’accueil des exclus et des migrants : Secours Catholique, Emmaüs solidarité et ATD Quart Monde.

S’affirmant comme un manifeste, en faveur des demandeurs de refuge et des exclus de nos sociétés, cet ouvrage en a le ton souvent passionné, qui prend parfois la forme d’un « J’accuse ». Mais il s’attache également à formuler un certain nombre de demandes très concrètes et de pistes possibles pour leur tendre la main, et mieux accueillir ceux que nos sociétés prétendent craindre ou ne veulent pas traiter humainement.

« Pour que la société hospitalière l’emporte sur la société sécuritaire » (p.13) il faut, selon l’auteur, renoncer à la politique du « contrôler, trier, expulser », pour articuler secours, accueil, et – au terme du processus – appartenance. Le livre dénonce une « sécurisation sans précédent des frontières » et le « contrôle des démunis ». Il ne s’attarde pas à en analyser les causes, un peu vite résumées  par ce postulat : « Pour que le Front national ne monte pas trop, il faut produire une politique aussi dure que la sienne » (p.43). Il ne fait pas non plus de distinction, dans les réponses à apporter, entre ce qui peut relever de notre seul pays et ce qui incomberait à l’Europe, ou à d’autres dispositifs supranationaux.  Car pour l’auteur, l’urgence est d’abord  de faire reconnaître par nos gouvernants « l’impulsion hospitalière qui traverse notre société » (p.57), et de restituer force et noblesse à l’accueil, et à l’échange qu’il provoque. Et voir ainsi le migrant non pas au prisme de nos peurs, mais comme porteur de compétences capables d’enrichir notre société.

Un système d’accueil et d’intégration peu coûteux et efficace pourrait être développé à partir des expériences réussies par plusieurs villes en matière de centres d’accueil et d’orientation. Les bâtiments publics désaffectés dans nos villes, les villages à revitaliser dans nos territoires, offriraient autant de lieux possibles pour que des « sans-lieu » puissent y reprendre pied, et reconstruire un projet de vie. A travers un ensemble de propositions concrètes et urgentes en faveur des migrants et des exclus, c’est à l’invention d’un nouvel humanisme qu’appelle cet ouvrage. Devant ces défis et leurs inconnues,  « Il est normal d’avoir peur » reconnaît l’auteur. « Mais il n’est pas bon d’avoir peur de la peur ». Car celui qui est exclu par son exil ou par sa pauvreté est « une vie qui doit être accueillie et reconnue comme une vie pleinement humaine » (pp. 103-104).

Bertrand Wallon

 

[1] Guillaume Le Blanc est professeur de philosophie à l’université Paris-Est-Créteil. Il est notamment l’auteur de  La fin de l’hospitalité.- Flammarion, 2017, avec Fabienne Brugère (Cliquer ICI). Tous deux ont coordonné le dossier Le courage de l’hospitalité dans la revue Esprit, N°446, juillet-août 2018 (Cliquer ICI). On pourra aussi écouter Guillaume Le Blanc, invité des Matins de France Culture le 25/07/2018 : 1ère partie : 19 mn et 2ème partie : 13 mn et  lire son article dans La Croix des 15-16 /12/ 2018 : Construisons une politique de l’accueil