Titre
Variations sur le consentementSous titre
Un chemin pour vivre en plénitudeAuteur
Samir Nassif, Pierre Angotti ; préface de Jean-Jacques PérennèsType
livreEditeur
Paris : Médiaspaul, 2020Nombre de pages
166 p.Prix
16 €Date de publication
13 janvier 2021Variations sur le consentement
“Qu’est-ce qui nous rend véritablement heureux ?” C’est autour de cette question que les deux auteurs1 de ce livre ont voulu nous livrer le fruit de leur expérience. Chrétiens, ils trouvent la réponse dans la Bonne Nouvelle, une Bonne Nouvelle qui n’est pas comprise comme un message abstrait, en surplomb de nos vies, mais au contraire comme le jaillissement d’une joie au sein même de l’expérience humaine, c’est-à-dire au creux des joies, des espoirs et des épreuves, des morts et des résurrections dont chaque vie est faite.
Cette Vie nous est donnée, par plus grand que nous et il s’agit donc d’abord de le reconnaître et d’y consentir. C’est autour de ce mot “consentement” que les propos des auteurs s’organisent en 42 petits chapitres, à lire doucement, à petites lampées, comme on déguste un vin délicieux dont on veut garder longtemps la saveur à la bouche.
Ces 42 variations sur le consentement nous font, en effet, re-parcourir ce qui fait l’existence de tout homme : l’amitié, les fêtes, la joie, l’autre comme un cadeau, mais aussi l’épreuve, l’impuissance, la pauvreté, le tragique de notre condition humaine, la vulnérabilité, la mort, le refus de Dieu. Les auteurs ne cachent pas que ce trésor d’expérience(s) qu’ils viennent partager est souvent le fruit de rencontres, d’intervention d’un autre, rencontré ou croisé dans une lecture, venu féconder et enrichir leur quête. “En nous laissant habiter par ces réflexions, en les partageant en groupes, nous avons vécu l’expérience d’avoir Dieu à nos côtés, en nous, comme un ami qui ne nous quitte pas, que l’on interroge et que l’on remercie… Conscients de la source de vie qui nous traverse et à laquelle nous avons sans cesse rendu grâce.”2
Nombreux sont les chapitres consacrés à la face rude de l’existence humaine. C’est heureux, car que signifierait une Bonne Nouvelle qui ne prendrait pas en compte les épreuves et même le tragique de notre condition humaine. D’où les chapitres sur l’abandon, le combat spirituel, la vulnérabilité, la patience, le silence, la solitude, tous ces lieux où Dieu se dit, se laisse deviner par nous, si nous savons l’attendre, le désirer, l’écouter. C’est dire que c’est le visage même de Dieu qui est transformé : non plus le Dieu-juge, que Maurice Bellet qualifiait de “Dieu pervers”, mais le Dieu de Jésus-Christ, qui se fait petit, fragile et que l’on met du temps à reconnaître tel, tant nous sommes imprégnés de l’image de la Toute-Puissance, alors qu’il est “Le Très bas” (Christian Bobin).
L’expérience des deux auteurs est éclairée par la lecture de nombreux écrivains contemporains, comme Maurice Zundel, Etty Hillesum, Maurice Bellet, Carlo Maria Martini et bien d’autres. J’ai particulièrement aimé l’éloge qui est fait de la vulnérabilité et de la chance qu’elle peut représenter dans le parcours d’une vie. Pour le comprendre, il faut probablement avoir déjà beaucoup vécu, aimé et pleuré aussi, mais quelle chance si l’on ose accepter de traverser l’épreuve. Alexandre Jollien ou Christian Bobin, plusieurs fois cités, sont des témoins convaincants de cette expérience existentielle de résurrection. Il y a là, indéniablement, un lieu existentiel où l’Esprit de Dieu peut faire son œuvre en nous. Le signe de la réalité de son passage est “une consolation qui procure une joie profonde et qui n’a rien d’exubérant. Une joie parfaite qui n’est pas la simple gaieté et que rien ne peut nous enlever.”3
J’écris ces lignes au terme de dix jours de visites dans la plaine de Ninive et au Kurdistan irakien, où j’ai été le témoin à la fois de la souffrance indicible que Daech a pu faire endurer aux populations chrétiennes (et yazidies), mais aussi de leur incroyable foi en la vie, de leur courage pour reconstruire et continuer à faire vivre sur cette terre blessée le message d’amour et de pardon dont ces communautés sont les témoins depuis les origines du christianisme.
Jean Jacques Pérennès, op4
Préface, 8 novembre 2019
Notes de la rédaction
1 Pierre Angotti est né en Tunisie et vit en France depuis 1956. Conseiller d’entreprises en Gestion des Ressources humaines, il anime depuis près de 20 ans des sessions de connaissance de soi et de développement de la personne.
Samir Nassif est né en Egypte et vit en France depuis 1967. Théologien et accompagnateur spirituel, il fut, avec son épouse, responsable du mouvement pour couples Vivre et aimer. De 1993 à 2007, il fut accompagnateur de groupes au Centre pour l’Intelligence de la Foi (CIF) et responsable de la pédagogie des groupes.
2 Cf. Avant-propos des auteurs, p. 13
3 Cf. Chapitre intitulé : Consentons-nous à croire à l’intervention de Dieu dans nos vies ? (p. 63-64).
4 Spécialiste du dialogue interreligieux, le frère dominicain Jean-Jacques Pérennès est directeur de l’Ecole Biblique et Archéologique Française (EBAF) de Jérusalem depuis 2015, après avoir été directeur de l’Institut Dominicain d’Etudes Orientales (IDEO), au Caire (2009-2014). Avec son accord, nous publions sa préface au livre Variations sur le consentement… en guise de recension : qu’il en soit remercié.