Un article de Natalia Trouiller publié le 24 février 2012 sur le site du journal La Vie.
Dans la cité phocéenne comme un peu partout en métropole, la question des Roms sert de révélateur aux politiques prônant des valeurs chrétiennes. Dernier exemple en date: l’affaire des Roms relogés par l’archevêché de Marseille.
CASUS BELLI ENTRE L’ARCHEVEQUE ET LE MAIRE A MARSEILLE
En septembre 2010, les responsables des différentes Eglises de la ville avaient signé une lettre ouverte commune sur la question des Roms, disant entre autres que “les Roms ne sont pas d’abord un problème ou une question. Ce sont des hommes, des femmes, des enfants. Les solutions doivent être individuelles, généreuses, raisonnables”. Devant les réticences des autorités municipales à reloger les familles roms expulsées de leurs squats successifs, l’archevêque de Marseille, Mgr George Pontier, a fait déménager quelques prêtres qui habitaient dans un grand immeuble appartenant au diocèse dans le quartier Saint-Pierre, sis dans le 5e arrondissement de la ville. Les six appartements de l’immeuble accueilleront six familles, soit une soixantaine de personnes.
> Aussitôt, des riverains se braquent et en appellent aux pouvoirs publics. Bruno Gilles, sénateur-maire de l’arrondissement, vient à leur secours: “Je suis chrétien mais ma casquette d’élu m’oblige à soutenir la population. Le quartier n’en veut pas”. Plus direct, le candidat local du Parti de la France (groupuscule issu du Front National), qui se targue sur son site de “défendre les valeurs chrétiennes”, tonne contre l’initiative: “Saint Pierre n’est pas un centre d’hébergement, s’ils ne sont pas bien, ils nont (sic) qu’a rentrer chez eux!!! Le quartier Saint Pierre, un village dans Marseille qui avait encore été un peu épargné par cette pollution (sic)”. Commence alors une bataille administrative: on fait venir l’adjointe à l’hygiène pour constater l’insalubrité des lieux; manque de chance, l’immeuble est parfaitement salubre. Heureusement pour les riverains récalcitrants, la commission de sécurité, elle, fera du zèle: une installation de gaz hors norme est dénichée, permettant d’empêcher les familles d’emménager. Ce n’est que partie remise: l’archevêché de Marseille a décidé de procéder aux travaux qui permettront de mettre l’installation aux normes. En se refusant à tout commentaire, préférant l’exemple dans le silence au tapage médiatique.
> A Lyon, le père Matthieu Thouvenot, prêtre du quartier de Gerland, témoigne sur le site internet du diocèse de sa propre expérience de l’accueil de familles roms. Un témoignage à lire ici.