Sauver des vies – L’action de sauvetage de SOS Méditerranée – 2ème partie

SOS-Méditerranée France rapporte les faits qui ont conduit à l’immobilisation des deux navires successifs de l’Association, l’Aquarius et de l’Ocean Viking, par la voix de François Thomas, son  Président. Voir le premier article: Sauver des vies.

De l’Aquarius à l’Ocean Viking

En juin 2018 à la suite de l’arrivée au pouvoir en Italie d’une coalition incluant l’extrême-droite, le portefeuille du ministère de l’intérieur est confié à Matteo Salvini. Dès sa nomination il décide de fermer l’accès aux ports italiens aux navires de sauvetage des ONG. Le même mois, les conclusions du Conseil européen précisent « les navires qui opèrent dans la Méditerranée doivent respecter les lois applicables et ne pas faire obstacle aux opérations des garde-côtes libyens », soulignant une fois de plus le soutien de l’Union européenne au centre de coordination de recherche et sauvetage JRCC (Joint Rescue Coordination Center) de Tripoli.

Le 9 juin 2018, l’Aquarius qui vient de sauver 630 personnes est notifié par les autorités italiennes d’une interdiction de les débarquer en lieu sûr en Italie et de pénétrer dans les eaux territoriales. L’Espagne permet de dénouer la situation en acceptant d’accueillir les rescapés, mais une longue attente de souffrance à bord lors de la traversée pour rejoindre Valence fera la une de la presse internationale. L’Aquarius est le premier navire d’une longue série à ne pas pouvoir débarquer ses rescapés dans un port italien ou maltais, pourtant lieux sûrs de débarquement les plus proches conformément au droit international.

Une nouvelle tentative de blocage succède rapidement à cet épisode. L’armateur de l’Aquarius est notifié par l’État du pavillon du navire, en l’occurrence Gibraltar, qu’il remet en cause les activités de sauvetage du navire. Selon les autorités de Gibraltar, l’enregistrement du navire n’aurait pas été effectué correctement. Cet argument est facilement démontable car ce sont les autorités de Gibraltar elles-mêmes qui ont déclaré à l’Organisation Maritime Internationale (OMI) l’Aquarius comme navire de sauvetage. En dépit des discussions qui ont lieu entre l’armateur, SOS MEDITERRANEE et les autorités de Gibraltar, la notification de retrait du pavillon est confirmée le 20 août. Il est nécessaire de trouver un nouveau pavillon d’immatriculation – ce sera Panama, pays d’immatriculation du plus gros pourcentage de la flotte mondiale. Le changement de pavillon d’un navire implique de nombreuses formalités administratives et de certifications. Dix-neuf jours d’escale sont nécessaires pour finaliser l’ensemble des certifications. L’Aquarius remplissant tous les critères d’attribution du pavillon, l’enregistrement est formellement complété le 11 septembre. Le navire repart et procède à un nouveau sauvetage dès le 20 septembre. Pourtant le 22 septembre un communiqué officiel du Panama, plus « explicite » que celui de Gibraltar, annonce son intention de retirer son pavillon au navire. Il déclare que le gouvernement italien les a exhortés à prendre des mesures immédiates contre l’Aquarius et précise que « malheureusement il faut qu’il soit exclu de notre registre car maintenir ce pavillon impliquerait de sérieuses difficultés politiques pour le gouvernement panaméen et pour la flotte panaméenne qui travaille dans les ports européens »

Les navires de sauvetage des ONG sont particulièrement surveillés en termes de sécurité, ils font l’objet de nombreuses inspections par ce que l’on dénomme l’État du port. Les Port State Controls ou contrôles par l’État du port sont des inspections régulières qui sont effectuées dans les ports d’escale, des défaillances sérieuses peuvent avoir pour conséquence la détention du navire. L’Aquarius a fait l’objet de nombreuses inspections, il n’a jamais été détenu. Le retrait du pavillon d’un navire est exceptionnel et ne se fait que si un navire présente de graves dangers pour la sécurité. Après un nouveau sauvetage et plusieurs jours d’attente en mer, l’Aquarius transfère les 58 rescapés sur un navire maltais pour être débarqués à Malte, puis rejoint le port de Marseille. Il accoste le 4 octobre afin de changer à nouveau de pavillon ; ce sera celui du Liberia avec interdiction d’avoir pour mission le sauvetage en mer.

Alors que le navire est toujours à quai, le 20 novembre, le procureur de Catane en Sicile annonce des poursuites judiciaires à l’encontre du navire et demande sa mise sous séquestre préventive, alléguant une prétendue mauvaise gestion des déchets à bord.

Le harcèlement administratif et judiciaire aura eu raison de plus de deux ans de missions, de solidarité en mer qui auront permis de porter assistance à 29 523 personnes. L’Aquarius se trouvant à Marseille, la demande de saisie n’est pas mise en application ; néanmoins cette menace est trop importante pour que le navire reprenne son activité de sauvetage en Méditerranée centrale. C’est pourquoi le 6 décembre 2018 SOS MEDITERRANEE annonce devoir mettre fin à l’affrètement de l’Aquarius, afin de reprendre au plus vite ses missions sauvetage avec un nouveau navire. L’Aquarius est démobilisé, rendu à son armateur dans son état initial le 31 décembre, et la recherche d’un nouveau bateau est lancée.

Cette tâche n’est pas aisée : il faut trouver un navire qui soit adapté au sauvetage, dont l’armateur comprenne notre mission et dont le pavillon soit celui d’un État de grande tradition maritime et de solidarité, et qui ne soit pas a priori susceptible de céder à des pressions politiques. Plusieurs options de navires se présentent et des visites sont effectuées. Finalement le navire choisi est l’Ocean Viking : il est plus stable, plus rapide, plus récent et plus manœuvrant que l’Aquarius. Il présente un pont arrière spacieux sur lequel il est possible d’organiser l’accueil et les soins des rescapés. L’armateur et le pavillon norvégien font preuve de compréhension envers notre activité et finalement, au mois d’avril 2019, l’Ocean Viking est officiellement affrété par SOS MEDITERRANEE. Des travaux importants sont nécessaires afin de préparer le navire à sa mission de sauvetage. Ces travaux effectués dans un chantier en Pologne durent jusqu’en juillet 2019.

Le 10 juin 2019, un nouveau « décret sécurité » proposé par le ministre de l’Intérieur italien vise à “légaliser” une pratique consistant à retarder ou à refuser le débarquement des personnes secourues en mer. Ce décret prévoit la confiscation des navires de sauvetage qui entreraient dans les eaux territoriales italiennes sans autorisation. En outre, ce décret prévoit une amende pouvant aller jusqu’à un million d’euros et l’arrestation du capitaine du navire. Fin juin, Carola Rackete, la capitaine du Sea Watch 3, navire opéré par l’ONG Sea Watch, après plus de deux semaines de blocage en mer et avec à son bord 40 rescapés traumatisés et un équipage épuisé, pénètre dans les eaux territoriales italiennes et mouille son navire à Lampedusa. Quelques jours plus tard, elle accoste de force au port de Lampedusa. Les autorités italiennes saisissent le navire humanitaire et mettent sa capitaine en garde à vue. Conformément au droit maritime, elle sera plus tard relaxée de l’accusation d’entrée illégale dans les eaux territoriales italiennes. Le Sea Watch 3 restera immobilisé, ce sera également le cas pour d’autres navires d’ONG qui seront détenus en Italie au cours de l’année 2019.

L’Ocean Viking effectue sa première mission de sauvetage en août 2019, 356 personnes sont secourues. Il faudra attendre 14 jours pour qu’une poignée d’États européens s’accordent pour désigner un lieu sûr de débarquement. Le débarquement de ces rescapés se fera par transbordement en dehors des eaux territoriales au large de La Valette.

Le 20 août, Matteo Salvini démissionne de sa fonction de ministre de l’Intérieur du gouvernement italien. Cet événement politique est suivi quelques semaines plus tard par la mise en place d’une nouvelle coalition et ouvre la porte à un dialogue avec les autres États européens afin de trouver une solution au débarquement des rescapés en Méditerranée centrale.

Après des mois d’impasse, durant l’été 2019, plusieurs États membres de l’UE commencent à discuter d’un mécanisme temporaire de débarquement et de répartition des personnes secourues en Méditerranée centrale, afin d’apporter un soutien à l’Italie et à Malte. Cette initiative franco-allemande fait alors l’objet d’une déclaration d’intention prometteuse signée entre l’Italie, Malte, la France et l’Allemagne en septembre. Ce “projet-pilote”, qui prévoyait un mécanisme pérenne ralliant d’autres États membres peine à voir le jour.

Le 14 septembre, pour la première fois depuis plus d’un an, l’Italie ouvre ses ports aux personnes secourues en Méditerranée centrale, sans toutefois laisser l’Ocean Viking y accoster. Le transfert vers un navire italien se fait en pleine mer ; les 82 rescapés présents à bord depuis près d’une semaine sont finalement débarqués à Lampedusa. Dix jours plus tard, à la suite de nouveaux sauvetages, le navire se voit accorder la permission d’entrer dans les eaux territoriales italiennes pour débarquer les rescapés à Messine en Sicile. Tout au long de ce mois d’opérations, les délais de prise de décision pour le débarquement des rescapés demeurent imprévisibles, allant de moins de 24 heures à cinq jours. En octobre, la situation s’aggrave à nouveau lorsque 104 rescapés épuisés sont contraints d’attendre onze jours sur le pont arrière de l’Ocean Viking avant qu’un lieu sûr de débarquement ne soit désigné. Le dénouement de la situation de blocage des navires humanitaires se fait au cas par cas et varie au gré des réunions européennes autour de la question des débarquements. Tous ces blocages ajoutent de la souffrance pour ces personnes déjà particulièrement éprouvées.

Début 2020, malgré des conditions météorologiques difficiles, plusieurs opérations de sauvetage permettent de sauver des centaines de vies. La situation en Libye reste extrêmement tendue, le port de Tripoli où sont ramenées les personnes interceptées en mer par les garde-côtes libyens est bombardé à plusieurs reprises en février et mars.

Le 23 février 2020, l’Ocean Viking arrive au port de Pozzalo en Sicile et les 276 personnes rescapées lors des dernières opérations de sauvetage peuvent débarquer. En raison de l’épidémie de Covid-19, elles sont immédiatement mises en quarantaine par les autorités italiennes. Pour les mêmes raisons, les autorités portuaires de Pozzalo placent l’Ocean Viking et son équipage en quarantaine au mouillage, alors qu’aucun membre d’équipage ne présente de symptômes de la maladie provoquée par le virus. A l’issue de la quarantaine le 8 mars, les autorités portuaires demandent une désinfection complète du navire qui dure trois jours. Par ailleurs, compte tenu du contexte, il y a beaucoup trop d’incertitudes sur la possibilité d’effectuer des évacuations médicales. Les autorités italiennes notifient les autorités allemandes et norvégiennes que dans l’éventualité d’une reprise des sauvetages, elles seraient dans l’impossibilité d’accueillir les navires des ONG battant leurs pavillons. Malte adopte une position identique. Le développement de l’épidémie en Europe complexifie toute la logistique maritime. Devant les incertitudes qui pèsent sur les opérations, l’Ocean Viking appareille pour Marseille où il accoste le 20 mars. Afin de garantir la sécurité des rescapés, des marins sauveteurs, de l’équipe médicale et de l’équipage une évaluation de la situation est nécessaire.

Le 7 avril les autorités italiennes déclarent leurs ports « non sûrs » pour l’accueil des rescapés en raison de l’état d’urgence sanitaire. Malte prend une décision similaire dès le lendemain. Seuls deux navires d’ONG opèrent des sauvetages au cours du mois d’avril 2020 : l’Alan Kurdi de Sea Eye et l’Aïta Mari de Salvamento Maritimo Humanitario. Après plusieurs jours d’attente les rescapés sont transférés sur un ferry au large de Palerme et mis en quarantaine. L’Alan Kurdi et l’Aïta Mari sont mis en quarantaine, puis détenus administrativement respectivement les 5 et 6 mai, cette détention durera 49 jours. Pendant tout le mois de mai 2020, il n’y a plus aucun navire d’ONG qui opère des sauvetages en Méditerranée centrale.

L’Ocean Viking va rester à quai pendant trois mois. Ces mois seront actifs pour les équipes qui ont beaucoup travaillé pour mobiliser une équipe médicale internalisée et se préparer à reprendre les sauvetages dans le contexte de la pandémie qui s’est répandue dans tous les pays riverains de la Méditerranée. Des protocoles rigoureux sont mis en place pour éviter une éventuelle propagation de l’épidémie à bord : quatorzaine préventive pour l’équipage et les équipes de SOS MEDITERRANEE avant de monter à bord, équipements de protection obligatoires, sas de décontamination, zone d’isolement si nécessaire. Le 22 juin l’Ocean Viking appareille de Marseille et dès le 25 juin les opérations de sauvetage se succèdent. Après avoir passé pour certains cinq jours en mer, des rescapés sont déshydratés, épuisés. 180 personnes secourues sont à bord en attente d’un lieu sûr de débarquement. Parmi les quatre sauvetages, trois ont eu lieu dans la zone de sauvetage sous responsabilité maltaise, le quatrième dans la zone de sauvetage commune sous responsabilité de l’Italie et de Malte. L’anxiété et le désespoir affectent de nombreux rescapés, l’attente et l’incertitude sur l’avenir sont insupportables pour certains. Sur les sept demandes de débarquement transmises aux centres de coordination italien et maltais, cinq sont restées sans réponse.

Un nombre important de rescapés souffrent d’épuisement psychique, de dépression et d’agitation aiguë, ce qui entraine des bagarres sur le pont, des menaces de violence physique sur les rescapés et sur l’équipage. Il y a six tentatives de suicide. Face à cette situation le Capitaine du navire déclare le 3 juillet, l’état d’urgence et demande une assistance aux autorités italiennes.  Le 4 juillet les autorités italiennes dépêchent une équipe médicale à bord pour évaluer la situation. Cette équipe conclut à un important « inconfort psychologique et à une situation quasi incontrôlable » à bord mais aucune solution de débarquement n’est proposée. Finalement, ce ne sera que le 7 juillet que les rescapés seront débarqués à Porto Empedocle en Sicile après avoir reçu l’autorisation des autorités italiennes. Les rescapés sont transférés sur un ferry pour une mise en quarantaine ; l’Ocean Viking est également mis en quarantaine. Tous les tests de dépistage à la Covid-19 effectués sur les rescapés avant leur débarquement se sont révélés négatifs. Cette rotation de l’Ocean Viking aura été l’une des plus difficiles de son histoire pour l’équipe à bord.

A l’issue de la quarantaine, les autorités italiennes effectuent un contrôle détaillé par l’Etat du port : il sera particulièrement pointilleux et durera onze heures, un tel zèle permettra de notifier diverses déficiences à l’encontre de l’armateur de l’Ocean Viking compte tenu des milliers enregistrements que l’on trouve sur un navire. La détention du navire est notifiée au capitaine de l’Ocean Viking par les autorités italiennes. L’un des principaux motifs de la détention vise indirectement la mission de sauvetage de SOS MEDITERRANEE, affréteur de l’Ocean Viking, elle concerne le certificat de sécurité pour navire de charge et précise : « le navire a transporté plus de personnes que le nombre autorisé par le certificat de sécurité pour navire de charge ». C’est une interprétation cynique du droit maritime, un naufragé n’est pas un passager, c’est une personne humaine en détresse et il est du devoir de tout capitaine de navire de lui porter assistance. Lors des deux contrôles précédents par les mêmes autorités italiennes, ce certificat avait bien sûr été contrôlé et considéré comme conforme.

Il n’y a à ce jour, 2 août 2020, plus aucun navire d’ONG en Méditerranée centrale, les départs de Libye et de Tunisie se poursuivent, la mer Méditerranée centrale est un trou noir. Et les disparitions sans témoin, le drame humain aux portes de l’Europe vont s’amplifier.

Le retard inutile de ce débarquement a mis des vies en danger. L’Union européenne a gardé le silence, aucune initiative visant à relancer l’accord de Malte pour la relocalisation des rescapés n’a été annoncée. Il n’y a eu aucun signe de solidarité avec les États côtiers de la part des autres États membres. Une fois de plus, l’Union européenne ne s’est pas montrée à la hauteur de la situation dramatique en Méditerranée et des valeurs d’humanité et de solidarité qui l’ont fondée. Depuis plusieurs années, nous demandons un système de débarquement coordonné, solidaire et pérenne en Méditerranée, car c’est précisément ce type de système qui aurait évité la séquence dramatique que nous venons de traverser.

La criminalisation du sauvetage en mer n’affecte pas seulement les navires humanitaires, elle érode l’obligation même de porter assistance aux personnes en détresse en mer. Les navires de commerce sont de moins en moins disposés à répondre aux personnes en détresse en raison du risque élevé de se retrouver bloqués en mer, de se voir refuser un lieu sûr pour débarquer et de renvoyer des rescapés en Libye, en violation du droit international.

La pandémie de Covid-19 a terriblement affecté la plupart des pays européens et en particulier l’Italie. Depuis des années, des dizaines de milliers de migrants sont arrivés en Italie et celle-ci a fait preuve d’une grande solidarité pour leur accueil. La situation en Libye demeure dramatique, les départs des côtes libyennes d’embarcations fragiles surchargées se poursuivent. On dénombre 281 personnes décédées en tentant la traversée de la Méditerranée centrale depuis le début de l’année (données IOM du 30 juillet 2020), chiffre qui ne tient pas compte des personnes disparues sans témoin. Les navires des ONG doivent pouvoir poursuivre leur mission dans le cadre légal du droit international, sans subir un harcèlement administratif et judiciaire illégitime.

Depuis 2015, l’Europe n’a pas pris les mesures nécessaires pour assurer le sauvetage en mer en Méditerranée centrale. Devant la persistance du drame qui entoure les tentatives de traversée depuis la Libye, la solidarité des États est la seule réponse possible pour endiguer la crise humanitaire en Méditerranée centrale. Depuis sa création, SOS MEDITERRANEE n’a de cesse de le rappeler et restera active tant que les Etats européens seront absents. Nos actions n’existeraient pas sans le soutien financier de dizaines de milliers de citoyens européens. Le non-respect des conventions internationales par les Etats côtiers devient systématique : tout est fait, organisé pour mettre en place un système de blocage des navires de sauvetage des ONG. L’Union européenne solidaire voulue par ses fondateurs perd son âme, les quelques Etats qui avaient encore le courage de prendre des mesures solidaires deviennent de plus en plus silencieux. Il reste l’espoir des associations et des citoyens européens qui se mobilisent pour porter les valeurs de solidarité et de fraternité.

François Thomas, Président de SOS MEDITERRANEE France.

2 août 2020

[L’intertitre est de la rédaction. Photo: site de SOS Méditerranée.]