Un appel à la Justice qui nous vient de Jérusalem, transmis par les Amis de Sabeel France.

Un appel à la Justice qui nous vient de Jérusalem.
Un témoignage œcuménique pour l’égalité et une paix juste
en Palestine-Israël.

Notre partenaire Les Amis de Sabeel France nous communique cet appel urgent de chrétiens de Palestine en route pour la fête de Pâques.

Jérusalem, le 1er avril 2025

Des profondeurs je t’appelle, Seigneur
(Psaume 130,1)

Nous vivons en un temps de crise majeure, et si nous vous écrivons aujourd’hui, c’est parce que nous croyons que notre foi doit se manifester en des temps comme ceux que nous traversons maintenant.

Alors que la guerre se poursuit à Gaza, Israël en a lancé une autre en Cisjordanie, et elle est cachée aux yeux du reste du monde. L’armée israélienne est en train d’y mettre en œuvre le plus grand déplacement de Palestiniens loin de leurs maisons qu’il y ait eu depuis 1967. Selon les informations transmises par le Bureau des Nations Unies pour la coordination des Affaires humanitaires (OCHA), ce sont déjà plus de 40 000 Palestiniens qui ont ainsi été déplacés et qui vivent aujourd’hui sans abri, dépourvus des services essentiels nécessaires à la vie et sans accès à des soins de santé.

Dans ce contexte, nous voudrions vous rappeler une parabole de Jésus qui a pour cadre ce même territoire : un homme était étendu, blessé, au bord de la route…, et Jésus décrit ceux qui ont passé à côté de lui sans s’arrêter. Le révérend Martin Luther King a suggéré qu’ils ont agi ainsi parce qu’ils avaient peur de ce qui aurait pu leur arriver s’ils s’étaient effectivement arrêtés, et il a écrit que le Bon Samaritain, lui, s’était demandé ce qui allait arriver à cet homme-là si lui ne s’arrêtait pas. Et c’est ce seul Bon Samaritain qui a agi pour sauver la vie de celui qui était blessé. Partant de cette parabole, nous aimerions nous adresser maintenant à trois groupes de personnes.

Tout d’abord à nos frères et sœurs de Gaza : de la ville de Gaza, et de Khan Younès et de Rafah, et aussi à celles et ceux qui habitent la Cisjordanie : à Naplouse, Jénine et Tulkarem, pour leur dire : Nous refusons de simplement passer à côté de vous. Non seulement nous ne vous oublions pas, mais nous nous engageons en solidarité avec vous. Nous vous portons dans nos prières. Nous pleurons et crions avec vous, et nous cherchons à faire entendre vos cris dans un monde qui a besoin d’être secoué pour qu’il abandonne son attitude de complaisance.

Ensuite nous voulons nous adresser à ceux qui, en tant d’endroits de ce monde, voient vos blessures mais ne disent rien, pour leur dire, à eux : Nous avons vu votre peur, et nous savons combien élevés sont les enjeux pour aborder ce sujet maintenant. Peut-être espérez-vous toujours, dans votre silence, qu’il y aura quelqu’un d’autre qui va s’arrêter sur ce chemin pour apporter de l’aide. Mais il devrait être clair, entre temps, que personne ne le fera. Tout récemment, Donald Trump, le président des États-Unis, a déclaré qu’il fera, dans quelques semaines, des annonces vitales sur le futur de notre patrie. Nous craignons que l’annexion des territoires palestiniens par Israël ne soit imminente. L’usage de plus en plus fréquent des termes « Judée et Samarie » au lieu de « Cisjordanie occupée », et l’exploitation d’une terminologie biblique pour masquer la réalité politique que nous vivons, sont bien des signes du désir d’effacer des cartes la Palestine et les Palestiniens en prétendant que nous n’existons pas. Le temps est venu de dire avec fermeté que les Palestiniens ont le droit de vivre sur leur terre et de rejoindre tous ceux qui, dans le monde entier, demandent l’égalité, la justice et la paix tant pour les Palestiniens que pour les Israéliens.

Et en dernier lieu nous aimerions nous adresser à ces juifs et à ces chrétiens qui ont été amenés à croire que Dieu souhaite qu’Israël annexe cette terre qui est la nôtre, pour leur dire très clairement : “On vous a trompés. Tous, Palestiniens et Israéliens, ont été créés à l’image et à la ressemblance de Dieu. Ils sont tous égaux en droits et en dignité. Et notre Dieu est un Dieu d’amour qui a horreur de la violence et qui aime tous ses enfants. Les Palestiniens sont vos prochains. Le commandement inviolable transmis par la Parole de Dieu que nous partageons tous, c’est celui-là : ‘Tu aimeras ton prochain comme toi-même’ (Lévitique 19,18 ; Matthieu 22,39 ; Marc 12,31 ; Luc 10,27 ; Romains 13,9). Expulser les Palestiniens de leur patrie n’est pas seulement un acte de violence, c’est un sacrilège”.

Alors que nous sommes en route vers la Fête de Pâques, nous affirmons une fois de plus, et clairement, que la lumière brille dans les ténèbres, et que les ténèbres n’ont pas pu la saisir : “Ce qui est venu à l’existence en lui était vie, et la vie était la lumière des humains. La lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres n’ont pas pu la saisir” (Jean 1,3-5).

Un appel pour la justice venu de Jérusalem.

Parmi ceux qui la proclament, citons :

Sa Béatitude le Patriarche Latin émérite de Jérusalem Michel Sabbah
Sa Grâce l’évêque luthérien émérite de Terre sainte Munib Younan
M. Yousef Daher
Mme Sawsan Bitar
M. John Munayer
M. Samuel Munayer
Rév. David Neuhaus SJ
Rév. Frans Bouwen MAfr
Rév. Alessandro Barchi

Traduit par les Amis de Sabeel France

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